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introduction

Il convient encore de relever la sagacité avec laquelle l’auteur envoie Charlemagne faire son oraison à la vieille église de Saint-Gervais d’Avranches, plutôt que dans la cathédrale de cette ville [1]. Celle-ci, fondée au XIIe siècle sous le vocable de saint André, effaça bientôt le renom de saint Gervais. Ce discernement semble accuser la connaissance de la construction de la nouvelle basilique comme celle d’un fait contemporain. De ces rapprochements résulte un ensemble suffisant de preuves pour conclure que la chanson primitive est certainement de la fin du XIIe siècle, et peut être placée avec vraisemblance entre 1170 et 1190.

L’auteur de la Conquête de la Bretagne, comme celui de tant d’autres chansons, est inconnu. Nous en sommes réduits aux inductions que suggère son œuvre elle-même. Elles sont assez nombreuses. Il était Breton ; il est certain de plus qu’il connaît mieux que toutes autres, deux régions de la Bretagne : la haute Cornouaille, proprement le Poher, et cette contrée maritime qui comprend le pays de Dol et le pays d’Aleth ; il est naturel de penser qu’il vint de la Cor-

  1. Cf. des Roches, Histoire du diocèse d’Avranches. — Gallia Christiana, D. Abrincensis, xi, Pr., col. 237.