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la conqueste de la bretaigne

« Gardez ne face nul de vous fauceté,
« Que il ne soit à voz hers reprové ! »
A cest mot [moult] ont les chevalx hasté,
2855O noz Franczoys se sont tantost meslé.
Là veïssez maint bon escu quassé,
Et maint haubert rompu et despecé,
Maint chevalier et mort et afolé.

Aiquin et Nesmes s’entre sont encontré,
2860Bien se cognurent quant se sont avisé.
Le roy Aiquin sy a premier parlé
Et duc Nesmes moult fort aresonné :
« Beau sire Nesmes, ce luy dist l’amiré,
« Forment m’avez travaillé et pené,
2865« Et de mes gens tué et affolé,
« Tolet m’avez Quidalet la cité
« Que g’é tenu .XXII. ans passé ;
« Vous et roy[s] Charlez m’en avez hors gecté,
« Par grant famine don g’estaye agrevé ;
2870« Quar si g’eüsse à menger à planté,
« Et si ge fu[s]se d’argent bien retoré, (fo 53 vo)
« Ne l’eussez eue à tretout mon aé.
« Or est dedans l’arcevesque Ysoré,
« A qui roys Charles a le palays donné ;
2875« Quar l’en le m’a bien dit et [bien] conpté.
« Par Mahommet à qui ay mon cheff voué !
« S’il ne m’en venge, don suy ge malmené ! »
« Et ung respont qui estoit bien sené :