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la conqueste de la bretaigne

« Qui estoit mestre de la divinité,
« Et luy avoit enquis et demendé :
885« Si l’on povait mouriz sans estre tué,
« Ou mehaygné, ou plaié, ou naffré ?
« Il luy a dit : « Ouïl pour verité !
« Touz celx mouront qui sont de mere né,
« Que [pas] ung soul n’en sera trestourné,
890« Ne n’en gardera ung soul sa richeté,
« Ne nul avoir que [il] ait amassé,
« Ne bourc, ne ville, ne chastel, ne cité,
« Or ne argent, ne denier monnayé,
« Ne drap de saye, ciclaton, ne cendé,
895« Ne nulle chose que onques [a] fait Dé ;
« Quar Damme Dé l’a enxin destiné ! »
« Lors a la damme ung soupir geté :
— « Helas ! dist elle, pourquoy fumes nous né ?
« Or ne me prise ung denier monnayé,
900« Ne ma richesce ne ma grant po[e]sté ;
« Anczois me doy tenir en grant vilté !
« Ja ne sera par moy le chemin achevé,
« Moult me repens don g’y ay tant oupvré ;
« N’ert mès par moy fait ne edifié,
905« Ne nulle aultre eupvre car ce serait foulté,
« Quar tout cest secle ne vault ung ail pylé ! »
« Ainxin remaint, com ge vous ay compté.
« Seignours barons, dist Ohès le barbé,
« Iceste damme don ge vous ay parlé,
910« El fut morte bien a cent ans passé ; (fo 17)