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par le roy charlemaigne

Lors se sont touz armez et fervesty,
Et nostre roys est armé et garny,
L’escu au coul à cheval est sailly.
600Ly roys apelle ung chevalier hardy :
« Amy, dist Charlemaine, va Aiquin, sy luy dy
« Que il a tout cest mon regne sesy,
« Renge le moy, g’auray de luy mercy,
« Et croige en Dieu, ge seré son amy ;
605« S’il ne veulst fere, maintenant si luy dy :
« N’en partiroy [ains] sera mal bailly,
« Ou avant seré mort ou affebly,
« Que ja le champ n’ert par moy deguerpy !
— « Bien luy diroy, » celuy [luy] respondy.
610Lors s’en tourna qu’il ne meist en obly ;
Au roy a dit le mesage hardy :
« Sire, dist il, or oirez que ge dy :
« Luy roy de France m’envoie à vous icy,
« Il vient à vous, ce saichez vous de fy,
615« O sy grant ost onc si trés grant ne vy.
« Par moi vous mande le bon vuil seignory,
« Que croez en Dieu qui passïon souffry ;
« Et il aura de vous moult grant mercy !
« Sy ne le faittes, pour verté le vous dy
620« Que sans nul terme serez ja asailly ! »
Aiquin l’entant, le sanc luy est fremy ; (fo 12)
Au mesager le fort roys respondy :
« Amys, dist il, va au roy, sy luy dy :
« Ja Mahommet n’ert par moy deguerpy ;