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la conqueste de la bretaigne

Qui vient de Doul, moult y a fervestis,
Richez ensaignez de propre et de saffris,
Et maint destrier courant et arabis ;
415Payens les voyent pour prendre lour pays.
« Charlemaine, font ilz, tu sayes maldis !
« Ains que t’en ailles te verras tout chetifs,
« Tu remaindras o nous en cest pays,
« En Quidallet seras en prison mis (fo 8 vo)
420« Dedans la chartre Aiquin le potéys ;
« De tes avairs seron moult bien servis ! »

Ores lairoy de payens maléïs.
Si vous diroy du bon duc Tyoris,
Et de Ripé de Doul le bon marchis,
425De Baudoin, de Richer le gentils.
Tant ont couru les bons chevalx de pris,
Decy à Charlemaine n’en ont frain gauchis.
Quant il les vit, à réson les a mis :
« Trovastes vous Acquin de Nort pays ?
430— « Ouïl voir, sere, ce luy dist Tyoris,
« Vostre mesage abvon [trés] bien fournis ;
« Quant est l’orgueil Acquin, ce vous plevis,
« Il ne vous prise valant ung parisis ! »
Charlemaine l’entent, si gecte deux soupirs.
435Nesmes le voit, si a gecté ung ris,
Et luy a dit com homs de sens assis :
« Droit emperiere, ne soiez mez maris ;
« Chevaulchez, sere, contre vos anemis ;