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la conqueste de la bretaigne

« Et ducs et contez qui moult sont potéys,
« Par ceulx seras cy dedans asaillis ;
« Toy et ta gent moult seras enserris ;
360« Vez cy un breff que Charlez t’a transmis. »
Lors luy tendist et l’amirant l’a prins ;
Bien fut lectré, car il en ot aprins.
La lectre leist, puys si feïst ung ris (fo 7 vo)
Lors a parlé com homs mal talentifs,
365Les mesagers avoit à réson mis :
« Seignours, dist il, entendez à mes dis :
« Vostre roy Charles qui ycy m’a requis
« Que ge grepisse Mahom le potéys
« Pour adourer voz malveys Dieux faillis ;
370« Voir non feré ! ma loy tendré touz dis,
« Ne ja par moy n’ert Mahom degrepis !
« Sy m’asegez cy dedans cest pays,
« Ja ne verrez quatre jours acomplis,
« En vos herberges serez touz esbahis,
375« Le roy de France auré ge mort ou vifs,
« Et en Oreigle l’en envoyré chetifs !
« Yceste terre sera maye à touz dis !
« Mon enseisour en fut longtemps sesis
« De cy au temps Cloduveil ly entis ;
380« [Quar n’]abvoit nom de France ycel pays
« Au temps que Turs y eurent estays.
« Tien ge Bretaigne, et la tendré touz dis,
« Les forteresses, [les] chasteaulx et pleissis,
« Nantez la belle, la cité seignouris,