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taille, on eût bien pu ramasser de bonnes armes et s’emparer de bons destriers dont les maîtres étaient morts. — Les païens sont retournés vers Aquin et lui ont fait le récit de la bataille. Grande joie du roi. V. 1580-1687.

L’auteur revient à Naimes et à Fagon qu’il a laissés dans l’île. Fagon se lamente de la perte de tant de Français et s’inquiète de Naimes. Il le cherche longtemps parmi les morts. Il le trouve enfin et lui demande s’il vit encore. « Oui, répond Naimes, mais j’ai peu de santé. » Le duc a perdu tant de sang qu’il est presque mort. Il s’inquiète cependant du sort des chrétiens. « Ils sont tous tués, sauf nous deux », répond Fagon. Naimes s’évanouit de désespoir. Fagon le ranime en lui parlant des nombreux païens qui ont été massacrés ; puis il le prend par la main et le remet sur ses pieds. Ils se dirigent ensemble vers la grève. Ils viennent au gué et entrent dans l’eau. La mer montait, ils en ont jusqu’à la ceinture. Naimes s’en tire à grand’peine, avec l’aide de Fagon, qui le porte dans ses bras et le dépose sur le bord. Naimes s’évanouit quatre fois. Fagon ne sait que faire, car il n’a pas de cheval. Il est trop affaibli lui-même pour porter le duc et ne veut pourtant pas l’abandonner. Il l’appelle une dernière fois ; celui-ci ne répond pas un mot. Fagon le quitte alors en le recommandant à Dieu et s’en va à pied retrouver Charlemagne ; il arrive près du roi, épuisé de fatigue. V. 1688-1754.

Charles apprend le massacre de ses chevaliers et le sort de Naimes qui est resté étendu sur la grève. Il demande aussitôt son cheval, et, conduit par Fagon, il va à la recherche de Naimes. Le héros gisait toujours sur le sol, mais le flot avait monté et baignait déjà les jambes du bon duc. Charlemagne se précipite sur lui et met son baron en lieu sûr ; puis il fait son oraison funèbre, car il