Page:Anonyme - Le roman d'Aquin ou La conquête de la Bretaigne par le Roy Charlemaigne.djvu/11

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
v
introduction

« Le roy Aquin sur la mer, assés près de Vennes [1], fist faire une tour moult belle, que l’on appelloit le Glay, et là se tenoit ce roy Aquin trop voulentiers. Si advint, quand le roy Charlemaine ot accomply son voiage et acquitté Gallice et Espaigne et toutes les terres encloses dedens Espaigne, et mors les roys sarrazins, et bouté hors les mescroians, et toute la terre tournée à la foy chrestienne, il s’en retourna en Bretaigne et mist sus ses gens aux champs. Si livra une bataille grosse et merveilleuse contre le roy Aquin, et y mors et desconfis tous les roys sarrazins et leurs gens qui là estoient, ou en partie, tellement que il convint ce roy Aquin fuir ; et avoit sa navie toute preste au pié de la tour du Glay. Il entra dedens, et sa femme et ses enffans, mais ils furent si hastés des François qui les chassoient, que le roi Aquin et sa femme n’eurent loisir de prendre un petit fils qui dormoit en celle tour et avoit environ ung an ; mais ils esquipèrent en mer et se sauvèrent ce roy et sa femme et ses enffans.

« Si fut trouvé en la tour du Glay ce jeune enfant, et fut porté au roy Charlemaine,

  1. D’autres ms. de Froissart ne portent-ils pas Rennes ?