Page:Anonyme - Le roman d'Aquin ou La conquête de la Bretaigne par le Roy Charlemaigne.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xcv
sommaire

de dix-sept rois, de ducs et comtes puissants, qui vont t’attaquer et t’entourer. Voici le message de Charles. » Il lui tend le bref. Aquin le lit, car il était fort instruit. Il s’écrie ironiquement : « Votre Charles me mande d’abandonner Mahomet pour adorer vos faillis dieux, je ne le ferai jamais. Si vous venez m’attaquer ici, avant quatre jours votre camp sera détruit, j’aurai le roi de France mort ou vif et je l’enfermerai dans Oreigle ; je conserverai la Bretagne, Nantes-la-belle, cette ville que j’aime, ce pays que mon aïeul possédait au temps de Clovis. Il ne s’appelait pas France quand il y vint. Allez-vous-en, mes beaux amis, dites à Charlemagne qu’il n’aura jamais cette contrée, mais que j’aurai Paris, Orléans et Saint-Denis. Quant à vous, sans cette gentille dame, vous ne m’échapperiez pas ! » V. 329-395.

Les quatre comtes sortent du palais sans prendre congé ; mais au moment de franchir les portes, chacun, en guise d’adieu aux païens, tue son Norois. Ils piquent des deux, les païens les poursuivent. Un nuage miraculeux les soustrait aux regards de leurs ennemis. Les Norois montent sur un tertre et aperçoivent les enseignes de Charlemagne ; ils s’écrient : « Charles, sois maudit ! tu viens ici, mais tu ne t’en retourneras pas ; nous te mettrons dans la prison d’Aquin ; les richesses que tu apportes nous seront très-utiles. » V. 396-421.

L’auteur laisse les païens et revient aux quatre comtes. Ceux-ci rencontrent Charlemagne, qui leur demande s’ils ont trouvé Aquin. « — Oui, répond Thierry, nous avons fait votre message, mais Aquin est si orgueilleux que vous ne valez pas pour lui un denier parisis. » Charlemagne soupire deux fois. Naimes le réconforte et lui conseille de chevaucher rapidement et d’assiéger Quidalet jusqu’à la ruine d’Aquin. Charlemagne est de cet avis. À ce