Page:Anonyme - Le Prix vie heureuse.pdf/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


MADAME PIERRE DE COULEVAIN


Quelques lignes de Sur la branche contiennent l’histoire littéraire de Mlle  Favre de Coulevain. « Ma pensée, dit-elle, a travaillé deux années entières. Et à ma grande surprise, à mon émerveillement, je me suis aperçue que mon cerveau avait été longuement, longuement préparé à l’œuvre qu’il devait faire. Les Américaines m’avaient été assignées comme modèles, j’ai été constamment poussée au milieu d’elles, dans leur intimité. Et, à mon insu, j’allais entassant les documents, les matériaux nécessaires à leur ressemblance ».

Elle a publié en tout quatre volumes. Les deux premiers : Noblesse américaine et Ève victorieuse peignent plus spécialement ces Américaines dont la silhouette magnifique, la taille élégante et la fortune ajoutent une parure aux villes du vieux monde où elles viennent tous les ans. Elle a défini le troisième, Sur la branche, en disant : « Pendant ces cinq dernières années, j’ai étudié le travail de la vie chez les autres, la curiosité m’est venue de l’étudier en moi ». Le dernier enfin, l’Île inconnue est sous les apparences du récit d’un séjour chez des amis, une étude de l’âme anglaise.

Le premier mérite de ces œuvres est la solidité même de leur documentation. Pendant les longues années où elle a habité un des hôtels situés près de la place Vendôme, Mlle  de Coulevain a observé des générations d’Américaines. L’ampleur de l’information apparait à la netteté même du dessin, à l’espèce de certitude du volume, au fouillé de l’analyse, à l’abondance des faits, à la tenue de l’ensemble, à la nature même des idées générales, qui sont encore, pour la plupart, des produits de l’observation.

Il est curieux de connaître le résultat d’une si forte enquête : il est optimiste. « Du point où je me suis placée après bien des tâtonnements, la vie m’apparait belle et bonne, oui, bonne… »

Il est naturel que les livres d’un tel esprit désirent être bienfaisants et utiles, et comme elle dit ailleurs, « servir ». C’est le faire que tracer une image vraie des autres et de soi-même.