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iii. — les manuscrits perdus

lacune qui s’ouvre entre les vers 13991 et 13992, après le folio 269 ; tout porte à croire que le n° 55 contenait, outre la fin du texte du ms. XXI, une bonne partie de la continuation qui y a été amorcée.

L’enchaînement bien établi des nos 56 et 55 constitue une forte présomption que le n° 54 fût la continuation du n° 55 et le n° 58 (ms. V du fonds français de la Bibliothèque de Saint-Marc) la continuation du n° 54. En fait, nous ne pouvons que constater que l’incipit du n° 54 (qui, très probablement, doit être lu ainsi : Molt fu bien acoilluç da tous li Milon oir) manque dans le ms. XXI et dans le ms. V, aussi bien que le finit. Mais ce finit est suggestif. En effet, le ms. V (= n° 58) débute par les vers suivants :

Cum fu la sbare overte, le vailant roy Lombart
S’en isi primerain sour un detrier liart,
La lance paomoiant con un vis de liopart,
E consui duc Herbert, que n’estoit mie coart...[1].

Didier (Desirier), roi des Lombards, après avoir conquis le palais de Pampelune, avait fait barricader la place, comme il le rappelle un peu plus loin :

Quand le palés fu pris, je n’alai ja à dormir,
Ains me fis sour la place sbarier et enfortir
Pour qu’il ne me poüst nul Païn sourvenir ;
E quand je me cuidoie auquant en peis tenir,
Bien dis mil Alemans me vindrent à asailir[2].

Il est infiniment probable que les derniers vers du n° 54 étaient relatifs à cet épisode. En se voyant attaqués par les Allemands, les Lombards renoncent d’eux-

  1. La Prise de Pampelune. vv. 1-4.
  2. Ibid., vv. 215-19.