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Sommaire.

une flèche qu’il leur dit : « Relevez-vous. » Ils obéissent et voient devant eux un grand palais à plusieurs étages ; ils y montent et s’asseoient à des tables toutes dressées. P. 103-107.

Après le repas, Huon prend congé du nain, qui ne veut pas le laisser partir sans lui faire un riche présent. Il fait apporter son hanap, et dit à Huon : « Tu vois ce hanap doré : il est vide ; eh bien, je vais le remplir à ma volonté. » — À ces mots, il fait tourner trois fois sa main autour du vase, fait une croix au-dessus, et le vase se remplit. « Tel est le pouvoir féerique de ce hanap, dit-il à Huon, qu’il fournirait assez de vin pour tous les vivants et pour tous les morts, s’ils revenaient au monde, pourvu qu’il soit entre les mains d’un homme de bien ; car nul ne peut y boire s’il n’est pur et sans péché mortel. Dès qu’un méchant y veut toucher, la vertu du hanap s’évanouit. Si tu y peux boire, il est à toi. « Grâces vous en soient rendues, » répond Huon. Mais il craint de n’être pas en état de l’approcher de ses lèvres, quoiqu’il se soit confessé au pape, qu’il se repente de ses péchés mortels, et qu’il n’ait de haine contre personne. Il prend le hanap, cependant, et le hanap reste plein et il y boit à longs traits. Oberon, tout joyeux, se jette à son cou et lui donne le précieux vase. « Mais prends bien soin, lui dit-il, de garder ta loyauté ; c’est à ce prix que je t’aiderai. Tu n’aurais pas plutôt fait un mensonge que le hanap perdrait sa vertu et toi mon amitié. » — À ce présent, Oberon en ajoute un autre : il fait don à Huon de son cor d’ivoire, et lui promet de venir à son aide toutes les fois qu’il en entendra le son ; mais qu’il se garde bien d’en sonner pour rien et sans besoin, sinon, malheur à lui. — Départ de Huon. — Oberon ne peut le