Page:Anonyme - Huon de Bordeaux, chanson de geste.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxv
Préface.

et animés de la même bienveillance envers les humains, ne sont originairement qu’un seul et même personnage ? »

À cette question nous n’osons répondre ; mais soit qu’on admette l’origine germanique d’Oberon, soit qu’on incline, comme nous, vers l’origine celtique, on ne pourra se défendre de reconnaître que l’auteur de Huon de Bordeaux a beaucoup ajouté de son fonds à l’invention allemande ou bretonne, et qu’on peut sans scrupule lui faire honneur de l’intérêt qui s’est attaché à Oberon et au jeune preux son protégé.

La meilleure preuve de cet intérêt, nous la trouvons dans l’histoire même de notre poëme, dans les développements qu’il a reçus, dans les transformations par lesquelles il a passé. On ne s’avise pas de continuer, de refondre entièrement, de rajeunir à plusieurs reprises une œuvre qui n’a point réussi. À ce compte, le succès de Huon de Bordeaux fut complet. Au quatorzième siècle, le récit primitif, fidèlement conservé s’était accru d’une suite qui triplait l’étendue de l’ouvrage en le portant de 10,000 vers à près de 50,000. De plus, en tête de ce poëme si prodigieusement augmenté était venu se placer un autre petit poëme, remplissant toutes les conditions d’un prologue, et portant pour titre : Roman d’Auberon, composition étrange dont nous donnerons plus loin une idée[1].

Au quinzième siècle, ou du moins dans des manuscrits de cette époque, deux nouvelles ré-

  1. Voyez ci-après, p. xliv, la description du manuscrit de Turin.