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Préface.

vers sont des débris d’un poëme imité sans aucun doute du français et composé, dit M. Wolf, d’accord sur ce point avec M. Jonckbloet, à l’époque de la décadence de la poésie chevaleresque, c’est-à-dire vers la fin du XIVe ou le commencement du XVe siècle. Mais, ajoute M. Wolf, l’original français qui a servi de modèle à ce poëme devait dater d’un temps où la légende de Huon de Bordeaux était plus intimement unie au cycle carlovingien et plus connue dans ses détails. En effet, les fragments conservés qui se rapportent à la dernière partie du récit, au retour de Huon après ses exploits en Orient, et à la trahison de son frère Gérard, ne racontent pas ces événements comme les rédactions plus modernes et mettent en scène d’autres personnages. Ainsi, ce n’est pas par la violence, mais au moyen d’un breuvage magique que Huon tombe aux mains de ses ennemis, et c’est encore Ganelon qui joue le premier rôle dans cette trahison. Or, on ne le voit pas reparaître dans les versions postérieures, ni lui, ni Ghibrecht, son neveu, ni Grimuwaert, l’enchanteur, ni Steven, Gontiere, Omaer, et Claroen de Gournay, chevaliers et amis de Huon, ni Heinrïet, le voleur, ni Jacke, l’hôtelier, ni Vulcanuut, le fidèle messager qui revient avec Huon, ni enfin ce Muelepas, que Gérard fait baeliu de Bordeaux, et qui était né à Tolède « d’où jamais ne vint bon chevalier ».

Tels sont les arguments sur lesquels M. Wolf appuie son hypothèse, mais sans trop d’insistance, à ce qu’il nous semble. Aussi nous sentons-nous plus à l’aise pour les discuter et pour essayer de les faire servir à une conclusion