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Sommaire.

falerne, voit Esclarmonde en pleurs et veut savoir qui elle est. — « C’est une esclave, répondent les marins, que nous avons achetée en mer. — Non, sire, dit Esclarmonde, ayez pitié de moi ; je suis la fille de l’amiral Gaudisse, qui a été tué par un varlet de France, et ces hommes me veulent conduire à mon oncle, qui me fera brûler. » — Galafre délivre Esclarmonde et l’épouse ; mais, à sa prière, il respecte le vœu qu’elle a fait, dit-elle, à Mahomet de ne point partager le lit d’un homme avant deux ans. — Yvorin apprend bientôt, et le meurtre de son frère Gaudisse et l’aventure qui a mis sa nièce aux mains de Galafre. Il jure d’en tirer vengeance et envoie un messager à Galafre pour le sommer de lui rendre Esclarmonde. — Refus de Galafre. P. 200-208.

Dans le même temps, Oberon s’abandonne à la tristesse ; il gémit sur le malheur de Huon ; mais il est bien résolu à l’abandonner à son sort, quand Gloriant, un de ses chevaliers, lui rappelle le péché d’Adam et le pardon de Dieu. Malabron implore aussi Oberon en faveur de Huon : « J’irai, lui dit-il, le délivrer, si vous voulez. — Soit, répond Oberon, mais à une condition, c’est que tu me rapporteras mon haubert, mon hanap et mon cor d’ivoire, et que tu demeureras vingt-huit ans lutin en mer par-delà le terme que tu dois y rester. » — Malabron accepte et arrive bientôt à trois lieues de l’enfer, à l’île de Moïse, où Huon s’abandonne au désespoir. Il le relève de son abattement : « Je suis Malabron, lui dit-il, le lutin qui te porta naguère au-delà de la mer Rouge quand tu te rendais à Babylone. Me voici encore, car je t’aime autant qu’une mère son enfant. — Au nom de Dieu, frère, lui dit Huon, débande-moi les yeux, délie-moi les mains. » — Malabron le délivre et lui