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Sommaire.

pays et vous ferai conduire jusqu’à Acre ; pour l’amour de vous, je délivrerai tous les Francs que j’ai dans ma prison, je ferai charger un bon sommier du meilleur or que je pourrai trouver, et vous l’offrirez de ma part au roi Charles, qui recevra de moi chaque année le même tribut pour racheter mon servage. Quant à vous, si vous voulez demeurer avec moi, je vous donnerai ma fille et la moitié de mon royaume » — Huon consent à se battre, pourvu qu’on lui rende son hanap, son haubert et son cor d’ivoire. Dès qu’il les a recouvrés, il confie le hanap et le cor à Jérôme, et se dispose, mais non sans crainte, à se revêtir du haubert. Il se confesse, bat sa coulpe, invoque l’aide de Dieu, puis endosse le haubert, où il entre sans peine. À ce signe, il reconnaît qu’Oberon lui a pardonné. Il en rend grâces à Dieu et se prépare au combat. « Va, lui dit l’amiral, et que Mahomet te protége. Si le Dieu que tu adores vaut mieux que lui, puisse le meilleur des deux te ramener sain et sauf ! » P. 187-194.

Les deux adversaires sont en présence. « D’où es-tu, demande Agrapart à Huon. Appartiens-tu à l’amiral Gaudisse ? — Non, répond Huon, que Dieu le confonde ! Je suis de France, et c’est moi qui ai tué ton frère, je te l’avoue. — Tant pis, par Mahomet, répond Agrapart, car tu es d’une brave nation. Laisse là ton Dieu pour prendre ma loi, viens-t’en avec moi en Orient ; je te donnerai pour domaine la marche d’Occident, et pour femme ma sœur germaine, qui est noire comme encre, plus grande que moi, et qui a des dents longues d’un pied. — Aux cent diables ta sœur ! répond Huon, je ne suis pas venu ici pour un tel mariage. En garde ! je te défie au nom du Dieu tout-puissant. » — Combat de Huon et d’Agrapart. — Défaite