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d’un traité spécial. Sans entrer dans de plus grands détails, on peut regarder cette croyance comme originaire de l’Orient, livré de tout temps à l’exercice de la magie. Les Mille et une Nuits nous donnent de nombreux exemples d’hommes changés en bêtes avec les mêmes formules, les mêmes pratiques que celles de la reine Brande, et nous les retrouvons dans l’Âne d’or d’Apulée, qui nous ramène ainsi aux antiques fables milésiennes, dont le souvenir s’était peut-être conservé plus fidèle chez les populations de l’empire byzantin. Au surplus, il ne faut pas perdre de vue que ce qui constitue le fonds de la fable dans les compositions de ce genre, ce sont moins les personnages que les sentiments qui les font agir. Dans Guillaume de Palerme et dans tous les romans que l’on appelle improprement peut-être romans d’aventures, l’amour est le principal mobile des héros et de toutes les prouesses par lesquelles ils cherchent à se signaler ; nous pouvons, sous ce rapport, nous en rapporter à l’opinion du bon don Quichotte, que ses immenses lectures avaient rendu compétent en cette matière ; il est facile de s’en convaincre par Cléomades, Partenopex, Cliges, et surtout par les romans du cycle d’Artus et de la Table ronde qui, au XIIe siècle, reproduisent les mœurs des cours de France et d’Angleterre, au lieu de peindre, comme on l’a cru, celles des anciens Bretons ; c’est ce que nous démontrent, jusqu’à l’évidence, les lois de Houel et les autres documents authentiques de cette époque. Ce thème adopté par l’antiquité dans les romans, tels que Daphnis et Chloé, Théagène et Chariclée, et d’au-