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introduction

logies essentielles entre E et F, qui confirment l’hypothèse d’un poème perdu, source commune de F et de E.

Le groupe des versions septentrionales — qui se réduit en fait au récit de la Karlamagnus-Saga, que nous désignerons simplement par N — présente des problèmes plus complexes. — N, rapproché de F, présente de grandes différences, surtout en ce qui concerne la seconde partie du récit, bien que la narration norroise se termine, comme celle de F et de E, par la réhabilitation d’Olive et le châtiment des coupables. — Dans la première partie du récit, nous avons en somme les mêmes événements que dans F, mais avec des différences de détail ; Olive (Olifa) est la fille, non la sœur de Pépin ; Charlemagne[1] joue un rôle dans le récit. Le mari s’appelle « Hugon » au lieu de Doon ; la machination dont se sert le traître (qui s’appelle ici Milon et qui a fait à Olive des propositions déshonnêtes qui ont été repoussées) pour perdre Olive est à peu près la même que dans F, mais les événements sont racontés d’une façon plus logique (voir plus loin, p. lxxiii) : l’homme que le traître place dans le lit est un nègre (blámann) ; les détails qui suivent (offre d’Olive de se soumettre à un jugement de Dieu, arrivée de Pépin) présentent également de grandes analogies. Finalement, Olive est condamnée à être enfermée pendant sept ans dans une tour remplie de reptiles venimeux ; on lui donne journellement une cruche d’eau et un pain grossier pour

  1. G. Paris (Histoire poét. de Charlemagne, p. 414, note 3) attribuait ces changements au rédacteur de la Karlamagnus-Saga, qui aurait voulu rattacher cette branche, comme les autres, au nom de Charlemagne. Cette supposition nous paraît très vraisemblable. En effet, si Charlemagne avait figuré, comme frère d’Olive, dans le poème primitif, on ne voit pas comment ce nom célèbre aurait pu disparaître si complètement des versions E et F, où il n’est pas question de Charlemagne, mais uniquement de Pépin, moins connu cependant que son fils.