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introduction

Tomile et Malingre vont rendre les chevaux à Gonteaume et s’humilient devant lui ; mais les bourgeois leur donnent des coups de pied et leur reprochent leur conduite envers Landri, leur seigneur. Les messagers assistent à la scène et se réjouissent : ils savent maintenant de science certaine que Landri est le neveu du roi et n’ont pas besoin d’aller en France (v. 1669-1882)[1].

Olive sort à ce moment de l’église où elle était allée prier. Gonteaume, qui seul lui est resté fidèle, l’invite à entrer chez lui et la fait souper avec les messagers, auxquels il explique qui est Olive ; les messagers lui donnent des nouvelles de Landri. Comme ils sont édifiés sur l’origine de Landri et se croient dispensés de poursuivre leur voyage en France, ils partent le lendemain matin ; Gonteaume, l’archevêque et Olive les convoient ; Olive leur remet, pour Landri, un anneau qu’elle a reçu de Doon pendant la première nuit de leur mariage (v. 1883-1972).

Après un heureux voyage, les messagers arrivent à Constantinople. C’est au mois de mai : l’empereur Alexandre est dans son verger, sous une tente ; Landri, Asson et Guinemant sont avec lui, en même temps que Salmadrine, gracieusement costumée. Elle adresse la parole à Landri ; celui-ci ne répond guère à ces avances et lui dit qu’il pense à sa mère, qui est en France au pouvoir de Tomile. À ce moment, les

  1. Cet épisode, où l’on voit les bourgeois d’une ville s’armer et se mettre en mouvement contre un chevalier qu’ils considèrent comme un ennemi, est une sorte de lieu commun qui se retrouve dans plusieurs chansons de geste (Ogier le Danois, Gaydon, etc.) et même dans le Conte du Graal de Chrétien de Troyes. Voir C. Voretzsch, Epische Studien, I, die Composition des Huon von Bordeaux, Halle a. S., 1900, I, 184 (comp. 182, note). La différence, c’est que, dans les épisodes signalés par M. Voretzsch, le chevalier qu’on attaque est un personnage sympathique, tandis que, dans F, Tomile et Malingre sont des traîtres et que tous les torts sont de leur côté.