avons signalé plus haut laisse parmi les assonances en a-e). Cette présence de la diphtongue ai dans celles en è est un fait que connaissent d’autres poèmes relativement anciens, notamment la Prise de Cordres[1].
I-e, dix-sept laisses : XVI, XIX, XXII, XXVII, XLIII, XLV, LVII, LXV, LXXII, LXXIV, LXXXI, XCI, CVI, CXVII, CXXVIII, CXXX, auxquelles il faut joindre, semble-t-il, les deux laisses LXII et CXV, qui ont un caractère spécial. — De ces laisses, neuf (XXII, XLIII, LVII, LXV, LXXII, LXXIV, LXXXI, XCI, CXXX) offrent des exemples d’i nasalisé : princes 845, quinze 842, Malingres 1191, 1220, etc. — Le fait le plus intéressant qu’on peut constater dans ces laisses en ie, c’est la réduction d’iée à ie : corrocie 507, 830, enseignie 602, mucie 1206, rafichie 2411, esmaïe 2743, etc. Le prétérit assemblirent 2968, pour assemblerent, est tout à fait surprenant.
Les laisses LXII et CXV donnent lieu à des difficultés spéciales. Telles qu’elles se présentent dans le manuscrit. elles offrent des mots assonant en i-e, d’autres en ié-e, et d’autres encore qui ne rentrent ni dans la première catégorie ni dans la seconde. On peut ramener un certain nombre de mots en ié-e à la forme i-e, en supposant que nous avons ici affaire à ié réduit à i devant une consonne, fait souvent signalé[2], qui aurait été méconnu par les copistes ; on pourrait ainsi restituer,
- ↑ Voir les observations de M. Densusianu dans son édition de cette chanson, Introduction, p. cxxix et cxxxv.
- ↑ On le trouve notamment dans le seul manuscrit connu du Tristan de Beroul (arire, pour ariere, escrive, pour escrieve, pice, pour piece, etc. ; voir l’Introduction de M. E. Muret dans sa 2e édition, Paris, 1913, p. xi) ; dans des manuscrits et des chartes d’origine normande (voir A. Långfors, dans son édition du Roman de Fauvel, par Gervais du Bus, Introd., p. lxvii). Pour la réduction d’ié à i dans le dialecte liégeois, voir Gustave Cohen, Mystères et moralités du manuscrit 617 de Chantilly, Paris, 1920, in-4°, p. xxxix.