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ces lettres à MM. les jurés. Je continue votre interrogatoire : Une jeune fille venait travailler chez vous comme ouvrière coloriste ; vous l’avez recherchée en mariage et vous l’avez épousée au mois de février 1821. Des mésintelligences n’ont pas tardé à éclater entre vous, et en septembre 1825 il y a eu une séparation de fait. Cela est-il exact ?

— R. Oui Monsieur.

— D. Il est issu de votre mariage trois enfans ; vous avez eu le malheur d’en perdre un ; mais deux de vos enfans vivent encore. Plus tard, lorsque la dame Chazal fit prononcer sa séparation de biens, la jeune Aline votre fille fut placée dans une pension.

— R. Permettez-moi de vous faire connaître ici un fait qui n’est pas sans importance. En 1832, ma femme et ma fille se retirèrent entièrement de ma société, et pendant trois ans je n’ai pas eu de leurs nouvelles. J’ai fait beaucoup de recherches pour retrouver ma fille, qui m’importait beaucoup plus que ma femme ; j’ai appris enfin qu’elle demeurait avec sa mère, rue Chabannais.

— D. Lorsque vous vous êtes séparé d’avec votre femme, étiez-vous convenus de ce qui serait réglé relativement au sort de vos enfans ?

— R. Non, Monsieur.

— D. Étiez-vous convenus que votre fils demeurerait auprès de sa grand’ mère à Belaix ?

— R. Il n’y avait pas de convention ; mais je n’avais pas de motif pour m’y opposer.

— D. En 1836 vous avez élevé une contestation judiciaire au sujet de votre fille qui s’était enfuie de la pension où elle avait été placée par vous ; vous avez intenté une demande, en 10,000 fr. de dommages et intérêts contre les maîtresses de la pension.

— R. Je vous demande pardon, je n’ai pas demandé 10,000 fr. de dommages et intérêts, je demandais qu’on me représentât ma fille. L’avoué m’a dit que c’était l’usage de figurer un intérêt lésé par un chiffre quelconque, mais je ne tenais pas à l’argent, je voulais avoir ma fille.