dans la conscience ce double fait que toute injure inspire le désir d’une revanche ; qu’une rupture du contrat par l’un des contractants a pour effet de délier l’autre, du moins quant à ce qu’il doit à celui-là. »
Mais si vindicative que soit une femme, elle ne s’abandonnera pas uniquement par représailles ; l’amour ou l’intérêt rendra son infidélité plus sérieuse que l’infidélité sensuelle de l’homme ; n’a-t-elle pas à un plus haut degré que lui le respect de sa personne, la pudeur, la réserve, la crainte des suites… Sa chute est done plus grave. Il n’y a pas deux morales, mais deux situations différentes, et l’auteur semble le reconnaître en faisant expier cruellement à son héroïne l’amour illégitime, quoique très-sincère, qu’elle éprouvait pour le rival de son mari.
Ainsi, dans ces romans, André Léo trace tour à tour le por- trait fidèle de l’ouvrière, de la bourgeoise, de l’artiste, de la grande dame, et montrant leur situation respective dans son vrai jour, fait très-bien voir ce qu’elle laisse à désirer, et ce qu’elle comporte d’amélioration possible.
LE SPIRITUALISME ET L’IDÉAL DANS L’ART ET LA POÉSIE DES GRECS, par A. Chassang, maître de conférences à I École normale supérieure. In-8, librairie académique de Didier.
M. Chassang a entrepris de réhabiliter la Grèce antique, au double point de vue de la moralité et du spiritualisme. Il fait voir d’abord que dans les croyances religieuses de ce peuple, à côté de la déification des plaisirs sensuels et des passions, il y eut celle des vertus, des arts, de la poésie, des sciences, de tous les éléments dont se compose une grande civilisation. Chez aucun autre, on ne vit, en effet, se développer plus spontanément les idées de patrie, de liberté, de loi, ni pousser aussi loin les spéculations philosophiques. C’est à Platon qu’on doit la première théorie du beau, et cette autre théorie, non moins originale et non moins neuve de l’amour qui porte encore son nom.
