Page:Annuaire philosophique, examen critique des travaux de physiologie, de métaphysique et de morale accomplis daus l'année (IA annuairephiloso01martgoog).pdf/305

Cette page n’a pas encore été corrigée

après avoir quitté son amante pour se marier et prendre rang dans la société, se livre à toutes les suggestions d’une ambition fiévreuse, et n’aboutit qu’à la ruine et au déshonneur.

L’auteur fait bien ressortir le contraste que présentent ces deux types, de l’ouvrière condamnée, malgré son travail, à la misère ou à la prostitution ; du fils de famille, comme on dit, coulant sa vie d’étudiant entre le travail et les plaisirs, ne regardant l’amour que comme une distraction passagère, en attendant le moment de se produire dans le monde, et finissant par abandonner sans remords ni scrupule celle qui s’était donnée à lui par amour plus encore que par intérêt ; et tandis que lui vit en famille, travaille à acquérir la fortune, la considération, la gloire, elle, devenue mère, s’épuise à travailler pour vivre honnêtement, et ne recueille que la misère et la honte. Cependant, dit l’auteur, on n’est pas plus heureux d’être tyran que d’être victime. Or, après quelques années d’une vie de luxe, de grands projets aussitôt avortés que conçus, le jeune homme fait mauvais ménage, échoue dans son ambition et se ruine. Enfin, devient veuf, retrouve sa maîtresse et l’épouse. Voilà une conclusion que la réalité ne présente pas toujours ; mais l’auteur voulait sans doute la proposer comme un bon exemple à suivre. L’épisode principal de ce roman rappelle le Médecin de campagne, de Balzac, qui finit plus tristement, mais plus conformément à la réalité.

L’Histoire d’un Fait divers est le tableau d’un de ces nombreux ménages où, passé la lune de miel, l’homme délaisse sa femme, non par indifférence ni par mépris, mais pour se distraire des monotonies du foyer, pour se-mêler aux agitations du dehors, vivre de la vie active. Beaucoup de femmes s’y résignent, ayant aussi leurs diversions mondaines, quand elles ne sont point retenues par les devoirs de mères de famille. Mais ce qu’elles ne peuvent accepter de gaité de cœur, c’est l’infidélité, quelqu’en soit le motif : l’amour ou la fantaisie, la débauche ou le tempérament ; elles supposent, ce qui n’arrive pas toujours, que les sens entraînent le cœur et que les représailles sont légitimes : « On aura beau prêcher deux morales pour l’homme et la femme, dit l’auteur, il se produira toujours