Un vieux baron, devenu homme de son temps, parce qu’il a su observer et juger ce qui se passait autour de lui, encourage ces jeunes gens, et signe leur contrat de mariage comme un traité d’alliance entre l’ancienne noblesse et la démocratie moderne ; non pas qu’il se fasse illusion sur la vitalité de la première ; il constate sa déchéance et entrevoit sa fin prochaine, qu’il attribue surtout à ses derniers représentants, à ces gandins, à ces lions, à ces crevés qui spéculent sur le prestige de leurs noms pour s’enrichir sans travail : « Frappée à la tête en 89, la noblesse achève de sa tuer par l’oisiveté. Nos jeunes hommes, énervés déjà de naissance par de trop longues alliances aristocratiques, usent le reste de leurs forces dans les plaisirs bas, et ne peuvent plus donner la vie qu’à des êtres rachitiques. »
Les Désirs de Marinette. — C’est l’histoire de beaucoup de jeunes femmes artistes, qui, s’élevant trop tôt, par leur talent, de la plus humble condition à la renommée et à la richesse, ne se trouvent pas, moralement, à la hauteur de leur rapide fortune, et gâtées par de faciles succès, aspirent sans cesse de ce qu’elles ont à ce qu’elles n’ont pas, jusqu’à ce que des revers viennent soudainement couper court à leurs fantaisies insatiables.
Une cantatrice, Marinette, fascinée par ses triomphes, en était venue à oublier le soin de ses enfants pour les soins du luxe et de la toilette, et préférer à son époux, beaucoup trop débonnaire, un riche oisif, dont les brillantes allures, les séduisantes paroles, les généreux procédés eurent facilement raison d’un caractère faible, d’un esprit inculte. Mais bientôt la voix s’enroue dans les plaisirs, le succès diminue, les hommages s’éloignent, la ruine approche. Délaissée à son tour, Marinette se souvient qu’elle est épouse et mère, et grâce à la magnanimité rare d’un mari qui veut bien tout oublier, elle retrouve son ancien bonheur en revenant à son ancienne et obscure condition.
Double Histoire renferme le récit touchant de deux existences bien différentes : celle d’une ouvrière qui, après s’être abandonnée, pleine de confiance et d’amour, à un jeune étudiant, s’en voit délaissée ; celle de ce même jeune homme qui,
