Page:Annuaire encyclopédique, VIII.djvu/341

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(665)
(666)
ECONO

M. Laboulaye, et l’édition des œuvres complètes de Rossi par la librairie Guillaumin.

Entre les ouvrages qui traitent des généralités de la science et ceux qui ont en vue des questions toutes spéciales, nous en trouvons quelques-uns qui appartiennent aux deux catégories, en ce sens qu’ils appliquent les principes généraux à un certain nombre de questions actuelles. À cet ordre appartient avant tout Liberté et socialisme de M. Courcelle-Seneuil, 1868, in-8o. M. Courcelle-Seneuil s’est placé avant tout au point de vue de la liberté industrielle ; il pense que tous les maux que l’on a attribués jusqu’ici à la concurrence illimitée ne proviennent que des difficultés de la transition entre le régime économique ancien et le régime économique nouveau ; que tous ces inconvénients disparaîtront quand la liberté sera complète et qu’on s’y sera habitué, que notamment il n’y a rien à changer au système général de la propriété, aux rapports entre le capital et le travail, et que c’est à tort que certains philosophes ont rêvé une transformation sociale destinée à modifier profondément la condition des classes laborieuses. Il nous est impossible de souscrire complètement a ces conclusions, mais nous reconnaissons que l’ouvrage de M. Courcelle-Seneuil, qui n’est nullement hostile aux classes ouvrières et qui accepte les associations de production et de crédit, est plein de réflexions justes, de recommandations salutaires et d’excellents conseils. Le livre de M. d’Esterno, Des privilégiés de l’ancien régime en France et des privilégiés du nouveau, 2 vol. in-8o, soulève de même une foule de questions variées, quoique sous un point de vue très-différent. Les privilégiés de l’ancien régime étaient les grands propriétaires fonciers ; les privilégiés du nouveau sont représentes par l’aristocratie financière, industries le, commerciale, administrative de l’époque. L’auteur fait voir dans une série de pages pleines de verve et d’esprit comment, par suite du bouleversement opéré par la révolution dans la position des anciens privilégiés, les intérêts agricoles, que ces privilégiés représentaient en partie, ont été de plus en plus négligés, tandis que toutes les faveurs législatives et administratives ont comblé les propriétaires mobiliers, les industriels, les hommes de loi, les fonctionnaires. Les grands monopoles financiers, dont quelques-uns, tels que le crédit foncier, le crédit agricole, ont pris l’agriculture pour prétexte, sont décrits et critiques de main de maître. L’action exercée par l’administration dans les comices agricoles et les concours régionaux est réduite à sa juste valeur, et l’auteur raconte à ce sujet un certain nombre d’incidents du plus haut comique. Le premier volume, publié en 1867, est consacré plus spécialement à la situation de l’agriculture vis-à-vis des capitalistes et des industriels ; dans le second qui a paru en 1868, l’auteur s’occupe de l’éducation, des officiers ministériels, de la magistrature, de la justice civile et criminelle, de la morale publique et des fonctionnaires.

Parmi les livres spéciaux, nous mentionnerons d’abord ceux qui ont trait à la question sociale : L'Ouvrier de huit ans par J. Simon, description des misères de l’enfance dans les manufactures ; la Femme pauvre au xixe siècle, de Mademoiselle Daubié, livre plein de renseignements curieux sur la situation malheureuse des femmes obligées de travailler pour vivre ; de l’état social des classes ouvrières, par M. Leroy-Beaulieu, ouvrage couronne par l’Académie des sciences morales et politiques. — Sur les questions économiques proprement dites, nous citerons : P. A. Boutron, Théorie de la rente foncière, travail couronné il y a dix ans déjà par la même académie ; Le Hardy de Beaulieu, la propriété et la rente dans leurs rapports avec l’économie politique et le droit public, justification de la propriété au nom de la morale et de l’intérêt social ; Courcelle-Seneuil, la Banque libre, excellent résume des discussions qui ont eu lieu dans les dernières années sur la question des banques ; Clement Juglar, du change et de la liberté d’émission. L’auteur est, comme M. Courcelle, partisan de la liberté des banques ; mais son livre est destine principalement£ faire voir l’influence que le cours du change exerce sur les opérations des banques, et il cite & ce sujet un nombre prodigieux de faits et de chiffres ; Wolowski, les Banques d’Angleterre et Écosse, ouvrage contenant beaucoup de renseignements précieux ; Colas de la Noue, du prêt à intérêt, à Rome, en Judée, dans le droit canonique, le droit barbare et les coutumes féodales, d’après les ordonnances des rois de France, le Code Napoléon, les lois de 1807 et de 1850, suivi d’une étude sur les législations étrangères ; Detourbet, la loi de 1807 et la liberté du taux de l’intérêt.

Nous avons à signaler un ouvrage historique important : l'Histoire de l’impôt en France, par M. Clamageran. C’est une histoire financière complète de la France, faite en partie sur des documents inédits et dont il n’a paru jusqu’ici que deux volumes in-8o. Le premier expose l’histoire de l’impôt depuis l’époque romaine jusqu’à l’ordonnance de 1439 ; le second s’arrête en 1683, au moment de la mort de Colbert. M. Moreau de Jonnès a publié : État économique et social de la France, depuis Henri IV jusqu’à Louis XIV, 1580 à 1715. M. Levasseur a donne la suite de son histoire des classes ouvrières et du travail industriel en général, sous le titre : Histoire des classes ouvrières en France depuis 1789 jusqu’à nos jours, 2 vol. in-8o. M. Calmon a publié les deux premiers volumes d’une His-