Page:Annuaire encyclopédique, VIII.djvu/340

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(663)
(648)
ECONO

50 pages dans l'Annuaire de la librairie Guillaumin. Parmi les questions qui, en 1867 et au commencement de 1868, ont provoqué le plus grand nombre de brochures, figurent en premier lieu les intérêts agricoles sur lesquels la cherté de l’année dernière et l’enquête ouverte par le gouvernement ont vivement appelé l’attention. L’administration a public une dizaine de volumes contenant une partie des dépositions faites dans cette enquête, et cette publication est loin d’être terminer. C’est ensuite l’association ouvrière qui a le plus préoccupé les publicistes. Des brochures, fondées sur des points de vue très-divers, et intéressantes à plus d’un titre, ont été publiées sur ce sujet, principalement par MM. Mouheau, Barat, Cavard, Paixhans, Jules Duval, Pelletier, Reitlinger, Rozy. Nous ne ferons que mentionner les écrits sur le prêt à intérêt, sur les assurances, ainsi que sur les sels. Ces derniers ont été l’objet d’une enquête dont les résultats ont été publiés en trois volumes in-4o ; mais nous appellerons l’attention sur la question de la circulation monétaire et fiduciaire, sur laquelle a été ouverte également une enquête dont trois forts volumes in-4o ont été publiés, et sur les nombreuses brochures qu’elle a provoquées.

Ces écrits ont moins porté sur la question des banques, qui a été à peu près épuisée l’année dernière, que sur celle de l’unité monétaire. Depuis longtemps on sent le besoin d’unifier les monnaies des diverses nations commerçantes, et la plupart des gouvernements ont fait preuve de dispositions très-conciliantes à ce sujet. La question a été posée nettement l’année dernière par l’Autriche, qui désirait adopter, sous certaines conditions, le système monétaire français, et une conférence monétaire internationale où furent représentées vingt-deux États fut réunie a Paris dans les mois de juin et de juillet 1867. Cette conférence s’est prononcée d’une manière générale pour le système français, qui est déjà admis en Italie, en Belgique, en Suisse, dans l’état pontifical, en Grèce et dans plusieurs républiques de l’Amérique du sud, et qui, si on adoptait pour unité la pièce de cinq francs au lieu du franc, pourrait facilement s’appliquer, en Autriche où cette pièce vaut à peu près deux florins, en Angleterre où elle vaut le cinquième de la livre sterling, aux États-Unis d’Amérique où elle se rapproche beaucoup du dollar. Mais il se présente pour cette adoption une grave difficulté pratique ; c’est le double étalon admis légalement en France, la loi déclarant que le franc représente un certain nombre de grammes d’argent et de même un nombre fixe de grammes d’or. Or l’expérience des vingt dernières années surtout a prouvé que le rapport entre la valeur de l’argent et de l’or est loin d’être stationnaire, que le système du double étalon est mauvais et qu’il serait préférable en tous points d’adopter l’or comme étalon unique. Mais il est impossible de conserver à la fois le franc ou les cinq francs comme unité monétaire et de l’exprimer par un multiple exact du gramme en or, la pièce d’or de cinq francs pesant 1,61290 grammes. Ce système n’est donc pas conciliable avec le système métrique. Aussi la conférence international s’est-elle séparée sans résultat, et les propositions les plus diverses ont elles été faites pour lever cette difficulté. Plusieurs d’entre elles, et théoriquement ce sont les plus raisonnables, tendent à substituer au franc une unité nouvelle qui se composerait d’un nombre exact de grammes en or ; mais il est clair qu’un tel changement éprouverait des difficultés pratiques presque insurmontables. Peut-être, cependant, pourrait-il s’opérer de lui-même par le moyen proposé par M. Courcelle-Seneuil dans le Journal des économistes (avril 1868). Suivant cet écrivain, on pourrait créer à côté des monnaies nationales qui existent dans les divers pays, une monnaie internationale en or, appelée unité et pesant 2 grammes. Cette monnaie, subdivisée en dixièmes et centièmes, aurait cours légal de même que les autres ; les commerçants la préfèreraient bien vite aux monnaies communes, et quand elle serait devenue peu à peu d’un usage général, rien n’empêcherait d’abolir ces dernières.

L’ensemble de la science économique a donné lieu à quelques publications intéressantes. L’un des auteurs des Varia, M. de Metz Noblat, a résumé sous le titre les Lois économiques, in-8o, un cours fait à la faculté de droit de Nancy. L’auteur est de l’école catholique et a envisagé de ce point de vue les grands faits économiques, sur lesquels il ne diffère d’ailleurs que dans certains détails des autres économistes. C’est au point de vue religieux aussi que s’est placé le P. Felix, dans son appréciation éloquente des doctrines économiques et de leur insuffisance vis-à-vis des plaies de la société moderne : l’Économie devant le christianisme, in-18. L’ouvrage de M. Gomès, député aux cortès de Portugal, Essais sur la théorie de l’économie politique et de ses rapports avec la morale et le droit ne tient guère ce que promet le titre. La plus grande partie du livre est consacrée à la réfutation de la théorie de Macléod ; quelques pages seulement traitent, dans le sens spiritualité, des rapports de l’économie politique avec le droit et la morale. Les Entretiens populaires sur l’économie politique de M. Martinelli et le Petit manuel d’économie politique de M. Rondelet ont principalement pour but de vulgariser la science. Mentionnons encore deux reproductions importantes d’ouvrages plus anciens : Franklin, Essais de morale et d’économie politique, traduits de l’anglais et annotés par