Page:Annuaire encyclopédique, IX.djvu/833

Cette page n’a pas encore été corrigée

(1657)

SESSI

(1658)

la droite tracassière et menaçante. Il se plaint avec amertume des nouvelles alarmantes que de toutes parts on répand dans Te public ; on ■ trouble.le pays ; onparalysele travail ; on nuit au crédit, notre unique ressource, lorsque l’ordre matériel est assuré, à Paris, à Lyon, partout. Il a beau te répéter sans cesse, lui qui est responsable ; on n’a pas foi dans ses paroles : « Il nié semble pourtant, ajôute-t-il que vous devriez nous croire ou ne pas nous laisser une seconde dans une place ou je voudrais n’avoir jamais été, où je voudrais ne pas être ce soir. » Cette menace de retraite.produit une impression profonde sur la droite, qui, toujours malveillante pour le chef du pouvoir exécutif, tremble à la seule pensée dé le voir abandonner la direction

; des affaires. M. Thiers continue : « On a dit à

I cette tribune que sur un grand nombre de | questions j’étais en dissentiment avec l’assemblée :

'— ek bien* messieurs, vous êtes tout
; puissants : vous donnez ou retirez le pouvoir :

vous avez ! une puissance qu’aucune assemblée n’a jamais eue dans une république. Dans une ^république organisée il y a une seconde as- ■ semblée ; il y a un pouvoir exécutif nommé par le pays, pour une certaine durée, ’qui ne dépend d’aucune dès deux assemblées et qui a quelj quefois un veto suspensif. Il n’y a ici rien de

; semblable. Quand vous avez émis une volonté,

elle est la volonté souveraine. Eh bien, si j’étais

; un homme faible, je me ferais votre flatteur,

j Quand je crois que vous yous trompez mon | devoir est de vous de le dire. Si vous ne voulez pas qu’on vous le dise, c’est votre droit, et, [ quant à moi, je cesserais bientôt de vous le

! dire si vous vouliez être absolus. Et si, lorsque
; le gouvernement que vous avez institué croit

[ que vous vous trompez, vous ne voulez mêmepas l’écouter, il n’a qu’une chose à faire...» (Exclamations, . rumeurs diverses.) Au nombre

! de voix qui s’élèvent dans cette assemblée
; contre mesparolesjé crois que la confiance dontj’ai besoin est fort ébranlée. (Mais non ! maisnon !) Je le répète, je crois cette confiance

ébranlée. (Mais non ! mais non ! pas du tout !)

;Je n’ajoute plus qu’un mot ; je saisla résolution

que me commande le spectacle auquel j’assiste. Je n’ai rien de plus àdire à l’assemblée. »

L’agitation est au ebmble ; la droite craint d’avoir trop manifesté son hostilité contreM. Thiers, et de l’avoir découragé jusqu’au point de l’obliger à se démettre de ses fonctions.

! Le général Ducrot déclare qu’au fond le

gouvernement et la chambre sont d’accord, et il propose un amendement ainsi conçu, en vertu duquel l’assemblée renonce à la dissolution immédiate, des gardes nationales : ii Les gardes nationales seront dissoutes dans toutes les communes de France à mesure que les circonstances ’et les.-progrès, "de la réorga-I

irisation de l’armée le permettront. Ces opérations seront exécutées parle gouvernement, sous sa responsabilité, et dans le plus bref délai possible. » Cet amendement.est’.adopté par 488 voix contre 154, l’orage est encore une fois conjuré.

. 25 août. — Loi portant dissolution des gardes nationales. Elle est adoptée par 503 voix contre

133.’ ;, ’ " ".’

28 août.—M. Vitet fit le rapport qu’il a : rédigé au nom de la commission (V. Il et 17 août) chargée d’examiner la proposition de M. Rivet tendant à prolonger de trois ans lespoûvoirs de M. Thiers, entouré de ministres responsables. Le rapport de M. Vitet dont les moindres paroles sont calculées, se trouve condensé tout entier dans le préambule du projet de loi proposé à l’assemblée par la commission, et dont nous allons donner, le texte.

. 30 et 31 août. — Discussion de la proposition Vitet. Séances orageuses. L’assemblée adopte, le 30, te premier paragraphe du préambule, qui attribue à l’assemblée le pouvoir, constituant ; elle vote, le 31, le projet tout entier, par-480 voix contre 93. Voici le texte du préambule.

« L’assemblée nationale, considérant qu’elle a le droit ^d’user du pouvoir constituant dont elle est investie, et que les devoirs impérieux que lout d’abord elle a dû s’imposer, et qui sont encore loin d’être accomplis, l’ont seuls empêchée jusqu’ici d’user de ce pouvoir ; con- ■ sidérant que jusqu’à l’établissement des institutions définitives du pays, il importe aux besoins du travail, aux intérêts du commercé, au développement de l’industrie, que nos institutions provisoires prennent aux yeux de tous, sinon cette stabilité qui est l’oeuvre du temps, du moins celle que peuvent assurer l’accord des volontés et l’apaisement des partis ; considérant qu’un nouveau titre, une appellation plus précise, sans rien changer au fond des choses, peut avoir cet effet de mettre mieux en évidence l’intention del’assembléede continuer franchement l’essai loyal commencé à Bordeaux ;

— que la prorogation des fonctions conférées au chef du pouvoir exécutif, limitée désormais à la duréedes travaux de l’assemblée, dégage ces fonctions de ce qu’elles semblent avoir d’instable et de précaire, sans quêtes droits souverains de l’assemblée nationale en souffrent la’ moindre atteinte, puisque, dans tous les cas, Ta décision suprême appartient à l’assemblée, et qu’un ensemble de garanties nouvelles vient assurer le maintien de ces principes parlementaires, tout à la fois la sauvegarde et l’honneur du pays ; —, prenant d’ailleurs en considération les services éminenls rendus au pays par M. Thiers depuis, six mois et les garanties que présente la durée des pouvoirs qu’il lient de l’assemblée, décrète : -