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SEPTE

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Dès le 9 octobre, Gambetta adressait aux préfets une circulaire où il proclamait la résistance à outrance. « La république, disait-il, sauvera la France en faisant appel au concours ; de tous. Son gouvernement se fera un devoir d’utiliser tous les courages, d’employer toutes* bas capacités. C’est sa tradition à elle d’aimer{ les jeunes chefs ; nous en ferons. Le ciel lui-j même cessera d’être clément pour nos advërsai-Tes. Les pluies d’automne viendront... Non ! il ; n’est pas possible que le génie de la France se : soit voilé pour toujours, que la grande nation se : laisse prendre sa place dans le monde par une invasion de 500,000 hommes. Levons-nous donc ; en masse et mourons plutôt que de subir la honte du démembrement !... » Ces paroles affichées dans toute la France, réveillèrent partout ; le patriotisme. [

Le 10 octobre, M. Crémieux cédait le porte- [ feuille delà guerre à Gambetta, qui, tenant dès ; lors en ses mains l’intérieur et la guerre, se ; trouvait investi d’une vraie dictature avëcldeux ; voix dans Te conseil, composé de quatre mem- ; bres. Il confia l’administration de la guerre, à[ titre de simple délégation, à M. de Freycinet..

II ne restait plus à la France, indépendamment des armées bloquées à Paris et à iletz, [ que 20 à 25,000 hommes qui venaient d’être : battus sur la Loire, le corps de Cambriels, ; d’une force à peu près égale, en retraite suri Besançon, et 30,000 gardes mobiles, mal. armes, mal équipés, échelonnés de Chartres à Evreux : en tout 80,000 hommes, dont la "moitié de troupes régulières, et cent pièces de canons, dont beaucoup en mauvais état. Or, la délégation avait mission de former une nouvelle armée de 500,000 hommes. Il fallait, pour accomplir cette tâche, réorganiser à Tours[ tous les services administratifs de la guerre, qui ; n’existaient qu’à l’état rudimentaire. Le personnel manquait ; Paris avait gardé presque tous les hommes spéciaux de quelque notoriété ; ; on fit appel aux officiers en retraite, aux ingénieurs de l’état, aux ingénieurs civils, aux fonctionnaires, élevés des chemins de fer, à tous les ; citoyens capables. On créa : un bureau topographique qui fournit à l’armée 15,000 cartes de l’état-major révisées et complétées ; le service complet de l’intendance ; un service médical plus nombreux que ne l’était celui de l’armée à son entrée en campagne, celui des ambulances, etc. I

Il était difficile de former des cadres pour une armée de 500,000 hommes. On y parvint : pourtant en doublant l’effectif des compagnies en donnant des galons aux soldats les plus capables, et-en faisant monter en grade, à titre provisoire, les sous-officiers ; elles officiers. Les États-Unis du Nord, n’ayant que 37,000 hommes de troupes au début deTa guerre de sécession, .

avaient su organiser une. armée de 700,000 hommes, en conférant des grades à toute personne capable de les remplir. La délégation suivit cet exemple par son dëcretdu 14 octobre. C’est ainsi qu’elle fit l’armée auxiliaire qui rendit à la France d’éminents services, qu’elle put utiliser des officiers de marine tels que MM. Jauféguiberry, Jaurès, Penhoàt, Payen, Bruat, Pallu de la Barrière, et des chefs de volontaires comme Charette, Càthelineau, Lipowski, Keller, Bouras, Càrayon là Tour, etc. On n’avait pas de fusils, et les fabriques de l’état n’en produisaient que 15 à 18,000 par mois. On se procura, avec [200 millions, dont une commission doit contrôler l’emploi, T,2O0 ;00O remontons, sniders, springfields, énfields et fusils transformés, de sorte qu’avec plus de 300,000 chassepots >on disposait : d’un million et demi de fusils avec les cartouches appropriées. L’artillerie, enfin, fut pourvue de ’ 1,400 canons, avec le personnel voulu. En définitive, on, mit sur pied plus de 600,0.00 hommesj. avec lesquels on forma 12 corps d’armée, portant les numéros dé 15 à 26, sans compter le corps de Garibaldi etlës petites armées du Havre, de Careulan, de Nevers. Tout n’était pas parfait dans ceite.organisation ; mais c’est en 120 jours qu’elle fut accomplie. Passons aux détails.

12 octo&re. Décret exemptant du-servicë mili- ■ taireles fonctionnairesderenseignemènt public.

13 octobre. — Décret suspendant Tes lois qui règlent les nominations et l’avancement dans l’armée, et portant qu’on pourrait conférer à des personnes n’appartenant pas à l’armée des grades qui cesseront après la guerre, s’ils ne sont pas’justifiés par des actions d’éclat ou d’importants services. — Le même jour, Gambetta Tança une proclamation ardente, enthousiaste, annonçant, d’après un ballon parti de Parisle 12, que la capitale venait de se débloquer. Il n’y avait/hélas ! dans cette dépêche, rien de vrai. ’ ",

14 octobre. -Décret portant : «"Sera traduit devant un conseil de guerre tout chef de corps ou de détachement qui se sera laissé surprendre par l’ennemi, ou qui se sera engagé sur un point où il ne soupçonnait pas l’ennemi.-Décret portant formation de l’armée auxiliaire, composée de lousles corps (mobiles, mobilisés, corps francs), n’appartenant pas a l’armée régulière, mais assimilés à elle pendant la durée delà guerre et soumis au même traitement. Font partie de l’armée auxiliaire les officiers et sous-officiers nommés dans l’armée régulière, mais choisis en dehors d’elle, et les anciens officiers et sous-officiers qui ne reprennent leur grade que pour la durée de la guerre. — Décret déclarant en état de guerre tout département situé à moins de 100 kilomètres de l’en-