Page:Annuaire encyclopédique, IX.djvu/75

Cette page n’a pas encore été corrigée

(141)

AUTRE

142 ;)

réunions publiques : surtout que le sentiment tchèque se donna carrière. Des réunions furent tenues sur -un grand : nombre de points pour réclamer, les droits de la nationalité bohème. Deux grands meetings notamment eurent lieu le 10 et le 16 mai, -à l’occasion de la pose de la première pierre du théâtre national dè’Prague et de !a fête de saint’JeanNépomucône, patron de la Bohème. On y demanda la dissolution de la diète actuelle, composée en majorité d’Allemands et un nouveau.système électoral qui donnnât la vraie représentation du peuple bohémien. Peu.après un certain nombre de Tchèques se rendaient en pèlerinage à Constance pour y célébrer le 6 juillet -une fête coriimé-

môrative en l’honneur- detfean J-Iuss.

Là aussi -la cour fit une tentative de.conciliation. L’empereur fit une tournée dans le "pays dans la seconde moitié de juin 1868-et —arriva le 21 à Prague : avec le. président du ^conseil cisleilhan, le : prince d’Auersperg. Lebaron de Beust fut appelé par le télégraphe et —eut une conférence -avec les deux principaux représentants de l’opposition : tchèque, MM. ;Palacky-et Rieger. On.ne-possède aucun renseignement authentique sur la teneur de celle conversation. Mais il -est clair que le créateur du dualisme et les défenseurs : obstinés du système fédéraliste ne pouvaient s’entendre. La —conférences termina sans autrérésultat que d’indisposer le prince d’Auersperg, qui parut même avoir désapprouvé cette simple tentative de conciliation et qui donna sa démission. Cette démission ne fui acceptée définitivement que trois mois plus tard. Le comte de Taaffe remplaça par intérim le président du conseil. La diète fut ouverte le :23 octobre. Les députés du parti tchèque, ainsi que les prélats étaient tous absents. ’Mais trois ’membres du parti se présentèrent pour déposer entre les mains du président une déclaration qui motivait-l’absence de toute cette fraction de la

diète. Cette déclaration-étendue, signée de 81 membres, se terminait par une énumération des voeux el griefs de la nation bohème, -qu’on ’ peut résumer ainsi :

1° L’empereur Ferdinand avait, comme.roi Ferdinand V de Bohême, juré de respecter les droits de la nation, de même que celle-ci lui jurait fidélité. Son successeur ne porte la couronne que sous réserve des moines droits nationaux etdes mêmes.obligations royales. 2° Jusqu’à l’année848, l’Autriche n’a point formé.un

état unitaire. Lorsque François lé, en-1801, prit le titre

d’empereur d’Autriche, il promit que tous les royaumes et pays de l’empire conserveraient intacts leurs droits ..nationaux. LaBohêmeet la Hongrie furent spécialement nommées’ dans cet engagement impérial. Même au temps du régime absolu, jamais on ne contesta que la Bohême n’eût le droit, en cas qué la dynastie vînt à s’éteindre, d’élire son roi, sans que les autres étals de la monarchie eussent rien à y voir.

3° Tous les changements introduits dans les rapports, du royaume de Bohême et de. la couronne doivent, aux termes de la lettre impériale du 8 avril ISiS, et selon le diplôme du 20 octobre 1860, — être opérés constitutionnellement et comme un contrat nouveau entre la couronne et la nation.

A° Une représentation du peuple non-hohémiennene peut accepter au nom de la ’Bohême : une partie delà dette publique, ni d’autres charges et obligations.

1)° Du moment où la transformation déla monarchie absolus en un état constitutionnel unitaire fut abandonnée par le souverain lui-même, el que les lois’fondamenla’es furent abolies, tous les droits et devoirs qui en découlaient ont été annulés.

6° Nous Tchèques, nous ne songeons point à mettre en question le droit des Hongrois de conclure un trailé avec le chef de l’état, mais nous ne saurions accorder que ce traité entraîne pour la Bohême la perte des mêmes droits et des mêmes prérogatives nationales qui sont reconnus et accordés en Hongrie.

7° Nous considérons comme-portant préjudice àla rBohôme la nouvelle constitution qui limite les droits de notre diète nationale, et nous appelle à faire partie d’une représentation qui n’est plus celle de l’empire tout entier, c’est adiré à y subir la 1 loi-d’une majorité non bohémienne.

8° Les membres de la diète de Bohême n’ont pas qualité pour élire des délégués au reichsrath, ni même pour siéger dans cette assemblée qui n’existait pas au moment où ils ont été élus, et dont les transformations n’ont aucuiie valeur légale.

— 9° Toutes les questions pendantes peuvent recevoir une solution juste et convenable, mais uniquement par des traités entre le roi el la nation ;

10° A nos yeux une.représentation légitime est celle fini se fonde sur un droit égal des deux, nationalités, et nous souhaitons être d’accord avec nos compatriotes allemands pour établir les bases d’institutions, grâce auxquelles ni l’une ni l’autre des nationalités ne puisse être lésée dans ses droits par la majorité de la diète.

Malgré les abstentions la diète complaît encore 122 membres qui étaient en nombre suffisant pour voter..Le maréchal de la diète "adressa aux membres absents la sommation de se présenter dans la quinzaine ou de justifier leur absence. La.plupart ne répondirent pas ; d’autres déclarèrent queleurs occupations ■né. leur permettaient pas de prendre part aux délibérations. -La diète vota alors le 28 septembre en réponse à la-déclaration-tchèque, une résolution portant que le royaume de Bohême était la patrie non-seulement d’une seule nation, mais de deux races, qui avaient un droit parfaitement égal à celle patrie commune.et dont aucune ne pouvait prétendre seule, à un droit public national ; que les droits du royaume de Bohême ne pouvaient être représentés.que par la diète légalement constituée ; que la diète actuelle était dans ce cas ; que la déclaration remise au bureau déla diète était en contradiction directe avec les lois fondamentales de l’empire ; qu’en conséquence

l’absence des signataires de la déclaration n’é- ’ tait-pas justifiée et que la diète’les considérait comme démissionnaires.

La majorité allemande avait d’ailleurs profilé de l’absence des Tchèques pour assurer la prépondérance de l’élément allemand. Dès le 29 août 1868 elle avait abrogé la loi votée l’année précédente par la majorité tchèque, qui imposait aux élèves des écoles l’étude de