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SECON

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feolif de quelques puissances. Après avoir exposé successivement les intérêts des différents peuples de l’Europe, il prouvait qu’étant tous menacés par les insatiables convoitises de la Prusse, ils ne pouvaient être animés que de vives sympathies pour la France, et il continuait en ces termes : « La Suède, la Norvège et le Danemark ont une attitude frémissante.de patriotisme. L’empereur de Russie honore notre ambassadeur d’une bienveillance toute particulière, et, les organes les plus autorisés de la pressé russe tiennent un langage défavorable à là cause prussienne. L’empereur d’Autriche, le roi d’Italie [et leurs gouvernements nous témoignent des dispositions dé plus en plus satisfaisantes. L’Autriche et l’Italie arment activement. Les ministres, à Vienne et à Pesth, obéissent à une pensée commune, etlë moment approche où la Prusse rencontrera de ces côtés les embarras les plus sérieux et les plus graves. Notre diplomatie ne sera nas moins active que noire armée. »

On a prétendu en effet, que si l’empire était resté debout, au milieu dé cette grande tourmente, l’Autriche au moins, et l’Italie auraient pris parti pour nous contre la Prusse ; on a affirmé elquelques personnes croient encore, au moment où nous écrivons (20 septembre 1871), qu’il existait un traité formel en vertu duquel l’Autriche et l’Italie s’étaient engagées à entrer en campagne-le 10 septembre 1870, et que la proclamation de la République en a empêché l’exécution., Quoi qu’il en soit, l’empire avait reçu à Wissembourg, à Woerth et à Spickèren un coup terrible que Sedan devait rendre mortel. Dès le 7 août une conspiration n’ourdissait contre lui, au grand jour. Un des principaux journaux de Paris, le Siècle, s’était empressé de demander la formation d’un comité de salut jmblic, idée que la fraction gauche de l’assemblée allait bientôt produire sous une autre forme. Le cabinet avait compris là portée de cette première manifestation et par un arrêté du 9 au matin, il cherchait à couper court à ces tendances, en déclarant que, vu l’état de siège ; le gouvernement était résolu à appliquer les lois qui suppriment tout journal coupable de propositions séditieuses. Telle était la situation lorsque la session extraordinaire s’ouvrit au sénat cl au corps législatif.

Une partie du public se préoccupait à la même époque du procès qui se déroulait devant la haute-cour siégeant à Blois. Il s’agissait du complot. dit.des bombes, qui avait été découvert au moment où l’on préparait le vote plébiscitaire. Les agents policiers avaient joué dans cette affaire un rôle qui en.diminuait beaucoup l’importance. La haute-cour rendit son arrêt le,8 août. Parmi les accusés, dont un grand nombre devaient figurer plus tard, ANNUAIRE IX.

dans la commune, seize furent condamnés, savoir : Beaury à 20 ans de détention ; Greffier, Grenier, Dupont, Fontaine, Sappia, Guérin, à 15 ans ;, Lelouzé et Lerenard à 5 ans de la même peine ; Pétieau ; Tony-Moilin, Godinot, Pèlerin, Gromier, à 5 ans, et Dereure à 3 aris de prison. Verdier, acquitté comme révélateur, avait été soumis à 10 ans de surveillance, de la haute police, et Mégy, déclaré non coupable de complot, à 20 ans de travaux forcés comme coupable de meurtre sans-préméditation.

L’assemblée élective entra en séance le 9 août, àl heure. M-EmileOllivier, prenant le premier la parole : « Nous n’avons pas voulu, dit-il, attendre pour vous réunir que la situation de la patrie fût compromise. » Ces paroles soulevèrent un premier orage. Lorsqu’il montra ensuite nos troupes combattant avec un héroïsme sublime, contre un ennemi quatre ou cinq fois supérieur en nombre, des applaudissements presque unanimes accueillirent ses paroles ; mais les interruptions sont à noter : M. Guyot-Montpayroux : des lions conduits par des ânes, comme disait Napoléon 1er. — M. Arago, s’adressant au gouvernement : disparaissez, et notre armée vaincra. — M. Jules Fàvre ; c’est une honte que la présence de ce ministère devant l’assemblée ! » Le ministre, continuant, pria l’assemblée d’aider le gouvernement- à soutenir et à augmenter le mouvement national et à organiser la levée en masse de tous les’ hommes valides. « Tout est préparé, ajoutait-Il ; Paris va être en état de défense et son approvisionnement est assuré pour un long siège. La garde nationale.sédentaire s’organise partout. Les régiments de pompiers de Paris et les douaniers seront réunis à l’armée active. Tous les hommes de l’inscription maritime qui ont plus de six ans de service sont rappelés ; nous abrégeons les formalités auxquelles sorit assujettis les engagements volontaires ; nous comblons, avec nos forces disponibles, les vides de notre armée. »

M. Emile Ollivier exposait ensuite en quelques mots les mesures que le gouvernement allait proposer à la chambre pour réunir une nouvelle armée de 450,000 hommes, et faisait un appel à l’ordre, à l’union, à la concorde. I ! disait : « Ne reculant devant aucun des devoirs que les événements nous imposent, nous avons mis en état de siège Paris et les départements que l’ennemi menace. Aux ressources dont ils disposent contre nous, les Prussiens espèrent ajouter celle.qui naîtrait de nos discordes intestines, et ils considèrent le désordre à Paris comme leur valant une armée. Celte espérance —impie sera trompée. L’immense majorité de Paris conserverason attitude patriotique. Quant à nous, nous ne ferons pas seulement appel à la garde nationale courageuse et dévouée de

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