Page:Annuaire encyclopédique, IX.djvu/517

Cette page n’a pas encore été corrigée

(102S)

MONTA

(1026)

notre temps, les plus propres à développer, à cimenter, au grand profit de la paix et dé la civilisation, les relations internationales.

Jusqu’ici, nous nous sommes borné au rôle de rapporteur ; devons nous conclure ? Si nos travaux sur la matière nous permettaient de le faire avec autorité, nous serions de l’avis du sénat. Comme lui, nous demanderions l’ajournement, jusqu’à plus ample informé, du retrait du cours légal à la monnaie d’argent ; mais nous ne verrions aucune difficulté à l’émission delà pièce d’or de 25 fr., au moins à titre d’essai, sauf à en arrêter la fabrication, si elle n’obtenait pas, au point de vue de l’impulsion à donner à l’unification, le succès prévu par ses partisans.

Rendons, en terminant, la justice qui lui est due, à l’ardent et infatigable promoteur, en France, de la grande et féconde mesure de l’identité monétaire, M. de Parieu. Si elle s’accomplit un jour, l’éminent politique et économiste y aura certainement attaché son nom.

A. LEGOYT.

MONROE (DOCTRINE DE). Voy. ANTILLES, SANTO-DOMINGO, ÉTATS-UNIS.

MONTALEMBERT (CHARLES-FORBES, comte de), descendait d’une ancienne famille de la noblesse poitevine dont plusieurs branches professèrent la religion réformée. Les huguenots comptèrent même parmi leurs plus vaillants capitaines René de Monlalembert, sieur des Essarts, qui battit les catholiques devant Saint-Jean d’Angely, commanda une partie des milices de la Rochelle, se distingua à Coutras, etc. Le comte de Monlalembert dont nous avons à retracer brièvement la biographie, n’avait pas publié son origine poitevine. II songea même à se créer dans sa province originaire un magnifique domaine seigneurial, en achetant le beau château de la Mothe-Saint-Héray, qui avait fait retour à l’état après la mort du comte Lobau, en 1838 ; mais il recula devant le haut prix qu’exigeait. le gouvernement, et le château fut livré à la bande noire, qui n’en laissa pas pierre sur pierre.

;Le comte de Monlalembert naquit à Londres

le 10 mars 1810 ; sa mère était Anglaise, et son père, émigré de l’armée de Condé, fut fait pair dé France sous la restauration. S’il avait eu des huguenots dans sa famille, M. de Montalembert fut, par compensation, l’un des champions les plus dévoués du catholicisme au xixe siècle. La doctrine libérale et démocratique de Lamennais avait enflammé son imagination, et il rompit ses premières lances dans Y Avenir, organe du parti qui s’était formé autour de l’auteur de YIndifférençe en matière de religion. Il ouvrit, en 1831, avec M, de Coux et Lacordaire, Y École libre, dont la propagande trop hardie devint justiciable de la police correctionnelle. M. de Monlalembert ayant perdu son père, sur ces en-

AfiNUAIRE IX.

trefai les, devenait membre de la chambre des paire., et bien qu’il n’eût pas l’âge requis pour y jou-irun rôle actif, il demanda à être jugé par cette haute assemblée, et en fut quitte pour 100 francs d’amende. La cour de Rome ayant condamné les derniers écrits de Lamennais, Monlalembert se montra plus réservé, sans pourtant abandonner jamais ses principes libéraux qu’il savait, du reste, concilier, par des liens qui échappèrent souvent à ses contemporains, avec un respect profond pour le saint-siége, une admiration presque sans bornes pour les institutions du moyen âge et un tempérament très-aristocratique. Ce mélange intime de convictions trop disparates pour se trouver ordinairement réunies dans une même conscience, ne pouvait manquer de donner à sa physionomie un caractère assez étrange et un grand relief.

Le premier livre important qu’il composa fut la Vie de sainte Elisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe, qui obtint un grand succès et dont il a été fait beaucoup d’éditions. Ayant atteint alors l’âge qui lui permettait de prendre part aux délibérations des pairs, —vingt-cinq ans, -il défendit avec un grand éclat la cause catholique. En 1840, une lutte passionnée et orageuse commençait à s’engager entre l’université et le clergé. Il s’agissait pour les catholiques d’ob- ■ tenir la liberté de l’enseignement secondaire, ’ et les Jésuites, sans se montrer, déployaient dans ce but tous leurs efforts. M. Villemain, ministre de l’instruction publique, dut alors préparer un projet de loi sur l’organisation de l’enseignement, et le conflit d’opinions éclata dans toute sa force à la chambre des députés, à la chambre des pairs, dans la presse, au collège de France. Use prolongea jusqu’en 1844. M. de Montalembert prononça sur ces graves questions des discours très-éloquents ; son mariage avec M, le de Mérode (1843), ne le détourna pas longtemps du champ de bataille. En 1844, il publia sous ce titre : Du devoir des catholiques dans la question de la liberté de renseignement, un manifeste pour démontrer que le devoir des fidèles était de prendre part à la lutte et d’user de tous les moyens pour faire accorder la liberté d’enseignement aux congrégations religieuses, y compris celle des Jésuites. Il paraissait ambitionner en France un rôle analogue à celui d’O’Connel en Angleterre. Il prononça, la même année, sur la liberté de l’église, sur la liberté de l’enseignement et sur la liberté des ordres religieux, trois discours qui eurent un grand retentissement. C’est à la fin du dernier de ces discours qu’il dit ces paroles qu’on n’a pas oubliées : « Nous sommes les fils des croisés, et nous ne reculerons pas devant les fils de Voltaire. » En 1845 il fonda un comité, dit comité de la société religieuse, pour préparer les élections de 1846.

33