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MONNA

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d’or de 8 fr., notre pays n’aurait pas à-refondre sa monnaie d’or, qui depuis 1851 figure dans sa circulation pour une somme énorme, ^- lui a demandé, comme compensation : 1° l’adoption de l’or comme étalon unique ; 2° l’émission 1 d’une pièce de 25 fr. « Cette pièce, a-t-il dit, circulant côte à côte et en parfaite égalité (dans la supposition de l’adhésion de l’Angleterre et de l’Union américaine) avec le 1/2 aigle américain et le souverain, réduits à la même valeur, les trois monnaies, fraternellement unies et ; différentes seulement par leur, emblème, feraient, la main dans la main, le tour du monde. »

En 1868, une proposition a été soumise à là chambre des représentans des États-Unis, ayant pour objet l’adoption d’un dollar de 10 fr. Elle paraît n’avoir pas eu de suite.

Le 17 mars dernier, le comité des poids, mesures et monnaies de la même assemblée a discuté un autre projet, relatif à l’établissement d’un système monétaire international. AUx termes de ce projet, la monnaie d’or frappée à l’avenir devrait contenir, pour chaque dollar de valeur nominale, 1 gramme 1/2 d’or pur, et peser, pour chaque dollar, un gramme 12/3, à l’alliage de 1/10. La chambre ne paraît pas en avoir été saisie jusqu’à ce jour.

Dans le même mois, unmembre de ce cpmité lui a soumis une nouvelle proposition tendant à l’assimilation de la monnaie d’or dès États-r Unis à celle de la France et des états signataires de la convention de 1865. La, valeur du dollar serait ainsi réduite de 3 1/2 p. 0/0 et ramenée à celle de la pièce d’or de 5 fr., mais avec cette disposition que, pour le payement des dettes publiques et privées antérieures à son adoption, une quantité égale serait ajoutée à cette pièce. i

Nous ignorons le sort de ces diverses initiatives ; mais elles attestent que l’attention publique se porte très-vivement, aux États-Unis, sur les avantages de l’unification. ;

AMÉRIQUE DU SUD. — Le Pérou a adopté depuis 1863 le système monétaire français. !Il en a été de même du Brésil, en 1867, au moins pour les monnaies d’argent. Seulement cette monnaie n’y circule que comme appoint et ne peut être acceptée en payement que jusqu’à concurrence d’une somme de 50 fr. pour les pièces à 9 millièmes de fin, et de 25 fr. seulement pour les autres. LeBrésil, comme lePortugal, n’a qu’un seul étalon, l’or. Le type monétaire de ce métal équivaut au souverain ; comme cette pièce, il est frappé à 916 millièmes de fin. ■

Le Chili, l’Equateur et la Nouvelle Grenade ont adopté notre pièce d’argent de 25 grammes (5fr.).

Ces renseignements, que nous regrettons de ne pouvoir compléter, indiquent suffisamment

que l’idée de l’unification monétaire fait assez rapidement son chemin, et il n’est pas douteux, qu’à ce-point de vue la conférence de 1867 n’ait eu déjà des résultats considérables. Seulement il importe que la France, qui a eu l’initiative de la conférence de 1867, ne laisse pas le mouvement s’arrêter L’enquête actuelle et le. rapport (peut-être le-projet de loi) qui en sortira nous paraissent de nature à l’accélérer. DISCUSSION.

La France adoptera-t-elle l’étalon unique, l’étalon d’or ? Né maintiendra-t-ellè le cours légal à sa monnaie d’argent (pièce de 5 francs comprise) que comme monnaie d’appoint au litre actuel de 835 millièmes ? Frappera-t-elle, pour faciliter l’unification, et sans attendre une concession analogue des autres pays, la pièce d’or de 25 francs ? Telles sont les questions qui se discutent en ce moment devant la commission d’enquête, et les opinions déjà exprimées nous paraissant avoir à peu près épuisé les arguments qui peuvent se produire pour ou contre ce genre de changement dans notre système monétaire, nous allons les analyser, , :.

Contre ce changement, il a été dit tout d’abord, par l’organe autorisé de M. Dumas, que la monnaie, pour avoir une base solide, une base scientifique, doit être en rapport avec le système métrique ; qu’il convient donc, avant d’entamer des négociations pour l’unification, d’attendre que ce système, devenu aujourd’hui très-populaire, soit adopté partout.

Devant la commission, les partisans de l’étalon unique ont été plus nombreux que les adversaires. Ils ont dit, en substance, qu’un rapport fixe et permanent de valeur entre les deux métaux étant impossible, il doitseproduire, dans cette valeur, des fluctuations de nature à troubler profondément la circulation, puisque le métal le plus recherché doit naturellement fuir pour faire place au métal le plus déprécié. Que l’on suppose, par exemple, l’or venant à valoir plus de 15 fois 1/2 l’argent, ce qui est arrivé quelquefois, il est évident qu’il sera exporté en quantités considérables, et remplacé par dumétal d’argent. Qùel’on suppose, au contraire, l’argent faisant une prime supérieure à celle de l’or, For sera exporté à son tour, et l’argent prendra sa place dans la circulation. Or personne, en France, ne voudrait voir aujourd’hui se substituer, dans la circulation, la lourde et incommode pièce de 5 francs d’argent à la pièce d’or de même valeur. Admettons, pour la France, l’or devenu étalon unique. La valeur de ce métal pent bien subir des oscillations ; mais comme, en cas de hausse, il ne sera pas possible de venir, sur le marché, l’acheter avec de l’argent, c’est-à-dire avec un métal ne pouvant plus remplir la fonction de monnaie que