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MONNA

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Avant de résumer la discussion dont ces deux questions ont été jusqu’à ce moment l’objet, il importe d’examiner ce qui s’est fait à l’étranger au point de vue de l’unification monétaire, soit avant, soit depuis la conférence de 1867.

ANGLETERRE.—Son délégué à la conférence, consulté sur la possibilité d’arriver à cette unification, en ce qui concerne son pays, répondait ce qui suit : c Le gouvernement anglais ne croira pas devoir prendre, vis-à-vis déjà nation, l’initiative de l’assimilation de ses monnaies avec celle des autres états européens, tant que l’opinion publique ne se sera pas décidée en faveur d’un changement du système actuel. » Conformément à cette déclaration, le cabinet anglais charge, en 1868, une commission ; d’examiner la proposition faite à son délégué de réduire la valeur du souverain, de 25 fr. 20 ç. à 25fr., type delà nouvelle pièce d’or 4 créer par la France.

Cette commission, après avoir ouvert une enquête, conclut par la négative. Et cependant un grand nombre de témoins entendus se sont montrés plus ou moins favorables au projet français (17 sur 21), quelques-uns manifestant une préférence pour la pièce française de 10 fr., les autres, en majorité, ; pour celle de 25 francs. L’enquête a eu lieu en

1868, sous le ministère de M. Disraeli. En

1869, la situation change. Vers le mois d’août, le chancelier de l’échiquier (cabinet Gladstone) n’hésite pas à déclarer à la chambre des, communes que la monnaie d’or anglaise réclame de promptes et importantes réformes, et indique, comme un des résultats possibles, auppint de vue international de ces réformes, la suppression de la légère différence qui sépare la livre sterling de la pièce de 25 fr. « Ce qui serait, ajoute-t-il, un fait capital. et un pas important dans la voie de la civilisation. » Mais

— jusqu’à ce jour le cabinet anglais n’a saisi le parlement d’aucune proposition.dans ce ; sens, arrêté peut-être dans ses intentions à ce sujet par une manifestation hostile des délégués des chambres de commerce anglaises, réunis récemment en session spéciale à Birmingham.

Il est donc à craindre que l’Angleterre ne se prête de longtemps à toute combinaison qui ’ l’obligerait aune refonte de son souverain, dont on ne peut contester, d’ailleurs, le rôle considérable dans le grand mouvement d’affaires de ce pays. Toutefois, quand on songe qu’elle a fini par accepter en 1864, au moins comme facultatif, le système métrique, pour lequel au début elle avait manifesté une si profonde antipathie, il n’y pas lieu de désespérer de la voir entrer dans un grand concert européen au sujet del’unificàtion monétaire. — ’..

ALLEMAGNE. — On avait remarqué, à laconfêrence de 1867, l’extrême réserve du délégué

de la Prusse, évitant d’engager son pays dans un sens ou dans l’autre, et ne parlant jamais qu’en son nom personnel. C’est qu’en effet la Prusse peut être considérée comme plus hostile encore que l’Angleterre au projet d’unification, et particulièrement à la proposition française de la pièce d’or de 25 francs, peut-être à cause de son Origine. Ce n’est pas qu’elle soit, en principe, défavorable à une union monétaire ; mais elle désire en restreindre l’application à l’Allemagne du Nord et du Sud, en commençant par la première. En fait, dans la. SI* séance de sa session actuelle, le reichsrath ayant adopté une proposition tendant à ce" que le chancelier fédéral soit invité à saisir le plus tôt possible l’assemblée d’un prpjet de loi destiné à réglementer la circulation fiduciaire de l’Allemagne du Nord, le conseil fédéral a décidé, dans sa séance du 9 décembre 1869, sur la proposition d’un comité rapporteur, qu’il convenait de procéder préalablement à une enquête sur les divers systèmes monétaires de l’Allemagne.

Si le gouvernement fédéral ne parait pas devoir se rallier, au projet d’une monnaie d’or internationale, il est certain qu’il se fait en Allemagne un mouvement très-caractérisé dans le double sens : 1° de l’adoption de l’étalon d’or ; 2° de la décimalisation, rigoureuse de la nouvelle monnaie à intervenir. Mentionnons à ce sujet les résolutions ci-après de la ^session (octobre 1868) du handelstag (congrès des chambres de commerce de l’Allemagne). « 1° H sera créé immédiatement, dans tous les états allemands, une complète unité monétaire ; 2° le congrès retire le vœu qu’il a exprimé en 1861 et 1865, en faveur du maintien de l’étalon d’argent et de l’adoption du marc (1/3 de thaï er) comme unité monétaire, et y substitue l’étalon d’or, avec des monnaies rigoureusement décimales, conformément aux principes admis par la conférence internationale de 1867 ; 3° le principe de l’étalon d’or adopté, le congrès demande, soit une unité monétaire équivalent à la pièce d’or de 5 francs, avec ses multiples décimaux, divisés en 100 schellings, soit, comme unité de compte, le florin, identique a la 10e partie de la pièce d’or de 25 fr. fractionnée en 100 kreutzers. »

Autant qu’il est permis de pressentir les intentions du conseil fédéral, il y a lieu de croire qu’en 1871 il présentera au reichsrath un projet de loi maintenant le double étalon et fixant ainsi un rapport légal entre la valeur des deux métaux monétaires. Une déclaration dans ce sens paraît avoir été faite par la chancellerie fédérale, à l’occasion de pourparlers relatifs à un projet de réorganisation de la banque de Prusse. v

Il n’est pas inutile de rappeler, àce sujet, qu’un