Page:Annuaire encyclopédique, IX.djvu/472

Cette page n’a pas encore été corrigée

(93S)

MA.GE

(936)

street et aboutirait à la Commercial -road, quartier de Whitechapel ; l’agrandissement de Fleet street, de l’Ôld-Bailey, de la place de Saint-Paul, de la Poultry, etc. ; enfin "la construction d’un nouveau pont, en aval du pont de Londres, près de la Tour.

Le bureau des travaux publics, qui depuis dix à douze ans dirige les améliorations et les —embellissements de Londres, se trouve maintenant chargé d’une dette de deux cents millions de francs (8,000,000 Iiv. sterl.), et il est en instance auprès du parlement, à l’effet, d’êlre autorisé à contracter un emprunt de cinquante millions. JUSTIN AMÈRO.

LUKMANIER. Une voie ferrée est projetée pour relier l’Italie à la Suisse par le Lukmanier. Voyez CHEMINS DE FER.

M

MAGE (EUGÈNE), mort si malheureusement dans l’affreux désastre de la Gorgone, sur les Roches Noires, dans la nuit du 19’au 20 décembre 1869, était un des officiers les plus ! distingués de la marine française, et l’un ; des voyageurs qui ont le plus fait pour l’avancement des connaissances géographiques de l’Afrique occidentale, du Sénégal au Niger.

Il naquit en 1837 à Paris ; entré au Borda, à l’âge de treize ans, il parcourt, quelque temps après, en qualité d’aspirant, l’océan Pacifique, la mer des Antilles et la Baltique. Enseigne de vaisseau en 1857, il pari de Brest pour le Gabon. Il se met vaillamment à l’oeuvre ; occupant les postes les plus périlleux, s’y dévouant avec passion aux intérêts de la France. Ses chefs peuvent dès lors pressentir l’avenir qui lui est réservé. La maladie l’arrête, sans toutefois l’ébranler moralement. Miné par les fièvres, il se fait transporter à Saint-Louis du Sénégal. Grâce aux. soins dont on l’entoure, il se rétablit peu à peu.

Il aurait pu rentrer en France ; mais l’intérieur de l’Afrique l’attirait : il sollicite le périlleux honneur de tenter une campagne dans la haute Sénégambie. On lui représente inutilement qu’à peine convalescent, il lui sera difficile de supporter les fatigues d’une pareille entreprise. H résiste ; son énergie semble dompter jusqu’aux dernières traces de la maladie ; il obtierit la mission tant désirée, et part du côté de la Casamance, avec les colonnes de l’armée française.

Sa hardiesse et sa présence d’esprit sauvèrent un grand nombre de nos soldats. Les colonnes, «’étant éloignées du fleuve, mouraient de faim et de soif. Le pays n’offrait aucune ressource : il n’hésite pas, il se met à.la tête d’une poignée d’hommes résolus, passe à travers les ennemis, rejoint les embarcations, leur demande secours, revient en toute hâte avec des provisions, et sauve les colonnes de l’armée. Peu de mois après, le courageux marin était signalé par sa brillante conduite lors de l’expédition de Guémou, l’une des plus meurtrières du

Sénégal. Après cette affaire, il fut décoré.

Il se distingua également les années suivantes. Il dut à plusieurs voyages exécutés avec succès sa nomination au grade de lieutenant de vaisseau. Il n’avait alors que vingt-quatre ans.

Rentré en France, il fut de nouveau tenté par le désir d’entreprendre une grande exploration au cœur du monde africain ; il brigua l’honneur de diriger une expédition dont M. Faidherbe traçait le planr II s’agissait de s’élancer du Sénégal au Niger, à travers des territoires encore peu connus, pour la plupart, et au moins fort mal explorés. C’était là une entreprise à la fois scientifique et diplomatique. Il y avait à servir la géographie et à ménager les intérêts de la France. Son but était principalement l’exploration de la ligne qui joint Médine (Sénégal) à Bamakou. Cette ligne différait peu de celle que suivit Mungo-Park dans son second voyage. Mage partit avec le docteur Quintin et se rendit à Ségou, ancienne capitale du Bambara, sur les bords du Niger. Il y séjourna vingt-sept mois, parcourant de temps à autre les environs, faisant des relevés qui jettent un jour nouveau sur une assez large étendue de la carte d’Afrique ; il est parvenu à donner une ’ liste exacte de tous les villages riverains, du fleuve jusqu’au lac Déboê, et la topographie d’une partie du Macina.

Les voyageurs français faillirent souvent périr victimes du climat et des naturels, mais, en fin de compte, l’expédition revint triomphante. Ce voyage demeurera une des gloires de notre histoire géographique. La société de géographie, en reconnaissant l’importance à tous les points de Yue, a décerné à Mage et à son courageux compagnon Quintin sa grande médaille d’or, comme autrefois à Caillié et à Liyipgstone. ’ !

Dans ces dernières années, Mage fut chargé du commandement de l’aviso la Gorgone ; il naviguait dans nos parages. La tempête le surprit au mois de décembre 1869, alors qu’il se préparait à rentrer à Cherbourg. Son navire faisant eau peut-être, il voulut forcer le goulet