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La valeur totale des exportations effectuées par les divers ports de l’Algérie à toute destination s’élève à 103,069,304 fr. Ce chiffre, comparé à celui de l’année 1867, donne en faveur du dernier exercice une augmentation de 5 millions 907,324 fr. ou de 6.08 p. c. Les expéditions de blé, orge, farines, légumes verts et secs, tabacs, figurent principalement dans ce mouvement. Divers produits de l’industrie algérienne ont également été fort recherchés, notamment les lièges bruts et ouvrés, qui figurent pour 1 million 598,340 fr. ; le crin végétal pour 2 millions 233,324 fr. ; les minerais de fer pour une somme de 12 millions 166,865 fr. Tous ces produits présentent des augmentations sur 1867.

ÉVÉNEMENTS IMPORTANTS DES ANNÉES 1868 ET 69 — Enquête agricole. — Cette enquête, ouverte dans le mois de février 1868, a été prise au sérieux par les colons, non pas seulement au point de vue agricole, mais encore au point de vue administratif et politique. M. le comte Le Hon, jeune député, chargé de présider les commissions de l’enquête et d’en faire le rapport, a lui-même fait preuve de libéralisme" en recueillant aussi scrupuleusement les voeux généraux et politiques émis par les populations, que les réponses spéciales aux 151 questions du questionnaire. Parmi ces voeux généraux, voici ceux qui offrent le plus d’importance et d’unanimité dans les trois provinces :

1° Restitution aux colons français de leurs dj-oits politiques, nomination de députés au Corps législatif par le suffrage des habitants de l’Algérie ayant la qualité de citoyens français, et eonséqueniment élection des conseils généraux.

« 2° Assimilation complète du régime communal de l’Algérie avec celui de la France.

3° Unité d’administration, régime civil, sauf à proclamer l’état de siège quand la sécurité publique l’exigera.

4° Unité de législation, inamovibilité de la magistrature, " jury en matière criminelle et d’expropriation. ■ ■, ■

5° Extension de la liberté commerciale.

6 ? Constitution immédiate de la propriété individuelle chez les indigènes, conformément au Code Napoléon ; promulgation de ce Code à l’égard des indigènes en tout ce qui touche au statut réel, de manière à rendre réalisable les transactions et à les garantir.

7° Destruction de la féodalité et du communisme indigène, restriction de la juridiction des tribunaux indigènes aux questions de statut personnel et aux successions.

8° Création de communes indigènes ou djemmaas, non comme On vient de le faire par une consolidation de l’autorité militaire et des bureaux arabes, mais sous l’influence des principes de liberté civile et communale.

9° Perception directe de l’impôt arabe par des agents financiers, et délivrance de quittances individuelles.

10° Développement de la colonisation, appel à l’immigration. -,

Projets de réformes. — Bien avant l’ouverture de l’enquête agricole, close en juin 1868, c’est à dire dès le mois de février, — des bruits de changements de régime en Algérie étaient mis en circulation et se reproduisaient fréquemment. On parlait d’une dix-neuvième réorganisation administrative, dans laquelle la direction civile devait remplacer pour la seconde fois la direction militaire. Les journaux officieux signalaient un grand projet de colonisation qui serait mis en application dans un délai assez rapproché. Ces bruits étaient bientôt démentis par les mêmes journaux ; mais ils reparaissaient quelques jours après dans des feuilles internationales. En décembre 1868, on les reproduisait à propos des entretiens qui auraient eu lieu à Compiègne, entre l’Empereur et le maréchal Mac-Mahon, ou des conférences de colons délégués de l’Algérie avec M. Boulier. On persistait encore, en janvier et février 1869, à annoncer le remplacement du régime militaire par le régime civil, l’élection des conseils généraux et du conseil supérieur, et l’établissement en territoire arabe de la propriété individuelle selon le Code Napoléon. Enfin, à plusieurs reprises, les journaux officiels eux-mêmes annonçaient qu’une série de projets de décrets, réformant le système administratif et légal de l’Algérie, étaient à l’étude au conseil d’état.

Amendements sur l’Algérie. — Dans les premiers jours de mars 1869, l’amendement suivant au projet de loi portant fixation des dépenses et des recettes ordinaires du budget de l’exercice 1870 était présenté par M. le comte Le Hon :

« 1° Tout territoire de tribu auquel auront été appliquées les deux premières opérations du sénatus-consulte de 1863 sera déclaré territoire civil.

« 2 ? À partir du 1er janvier 1870, l’assiette et la perception des impôts indigènes seront faites exclusivement par les agents des services des finances.

« 3° Avant la session ordinaire de l’année courante, les membres français des conseils généraux des trois provinces seront nommés par l’élection.

« Les élections auront lieu par circonscription électorale. — Les listes électorales comprendront tous les électeurs français-ou naturalisés français. — Un décret rendu sous forme de règlement d’administration publique déterminera la représentation dans les conseils généraux des indigènes, des israélites et des étrangers.

« 4° Le nombre des délégués élus par les con-