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der aux familles des victimes de ces attentats une juste indemnité ; F -

5° De suivre désormais une ligne de conduite conforme aux traités existants et au droit des gens.

L’ultimatum se terminait par cette déclaration comminatoire : « Le soussigné..... a le regret de faire savoir à S. Exe. le minisire des affaires étrangères de sa majesté hellénique que la légation ottomane à Athènes et, les consuls résidant en Grèce quitteront immédiatement le territoire hellénique. Comme déduction naturelle de cette détermination, les relations diplomatiques et commerciales entre la Turquie et la Grèce se trouvant interrompues, le ministre, le personnel de la légation et de la chancellerie hellénique à Constantinople, les consuls grecs dans l’empire ottoman recevront leurs passeports. Les sujets respectifs des deux états devront quitter le pays qu’ils habitent dans le délai de quinze jours a partir du jour de 3a signification de la rupture des relations, et l’entrée des péris ottomans so trouvera ainsi interdite au pavillon hellénique à partir de celle même date. »

M. P. Delyanni répondit à cet ultimatum point par point, et en réfuta tous les arguments, rejetant sur le gouvprnpmpnt ottoman plusieurs des accusations portées contre la Grèce. Il protesta ensuite contre le décret d’expulsion qui devait frapper les sujets des puissances dont les rapports étaient rompus et leurs bâtiments de commerce, fit voir que cette mesure était centraire à teus IPS précédents, et déclara que la Sublime-Porte ne songeait qu’àeauser des préjudices matériels à la Grèce en : sacrifiant les sujets grecs qui avaient centrifugé à sa propre-prospérité. Il ajoutait que « fidèle aux principes des institutions nationales du pays, le gouvernement hellénique ne suivrait pas un exemple aussi contraire à l’humanité et aux idées du siècle. » ’

La Porte né vpulait ripn entendre ; la Grèce n’était pas dispesép à s’humilier devant les Turcs ; les négociations furent rompues et le gouvernement ottoman décréta l’exécution des menaces qu’il avait annoncées. Il alla jusqu’à vouloir les rendre obligatoires en Roumanie, en Serbie et en Égypte ; mais, cemprenant bien vite la faute qu’il avait cemmise, il se bâta de revenir sur la démarche qu’il avait faite auprès des gcuvprnpmenls de ces pays, en déclarant que son intention était seulement de les avertir des mesures qui allaient être prises en Turquie.

Un conflit sanglant allait donc éclater en Orient, et pouvait entraîner dans un guerre générale les autres puissances de l’Europe. Les cabinets s’étaient gravement émus d’une situation si dangereuse et, le 21 décembre, M. de

Solms, premier secrétaire de l’ambassade prussienne à Paris, faisant les fonctions de ministre plénipotentiaire, communiqua à M. de La Valette, qui venait de prendre possession depuis trois jours seulement du portefeuille des affaires étrangères, un télégramme de son gouvernement qui, en invoquant le protocole du 14 avril 1856, du congrès de Paris, se terminait par cette proposition : « En transportant les négo^ eiations aU sein d’une conférence, à Londres ou à Paris, on pourrait espérer que cette affaire serait traitée d’une manière plus calme qu’à Constantinople. Demandez si le gouvernement impérial serait disposé à convoquer une conférence ad hoc, des représentants des différents pays. » M. de La Valette répondit que la France n’aurait pas d’objections à faire à la réunion d’une conférence à Paris, si les autres cours y donnaient leur assentiment, mais qu’il faudrait préalablement s’entendre au sujet des garanties que la Porte ne manquerait pas de demander si on lui proposait un ajournement des mesures qu’elle avait résolu de prendre.

Des négociations s’engagèrent alors entre les différents cabinets. L’Angleterre aurait préféré une conférence limitée aux trois puissances protectrices, France, Grande-Bretagne et Russie ; mais la Prusse, l’Autriche et l’Italie insistèrent pour que la conférence réunît tous les signataires du traité de Paris, et cette combinaison l’emporta, bien quelle eût le tort grave de faire une position privilégiée à la Turquie, — signataire de ce même traité. La Porte consentit à proroger le terme fixé pour l’exécution de ses mesures comminatoires. Il fut décidé que la conférence aurait uniquement à rechercher les moyens d’apaiser le différend turco-grec et à examiner dans quelle mesure il y avait lieu de faire droit aux demandes formulées dans l’ultimatum du gouvernement ottoman, sans même aborder la question Cretoise, ou toute autre question impliquant une ingérence dans les rapports du sultan avec ses sujets. M- de La Valette invita M. Bourée, ambassadeur de France, à Constantinople, à faire connaître à la Sublime-Porte les dispositions des grandes puissances, en l’avertissant que le représentant du gouvernement hellénique à Paris serait admis dans les conférences à titre consultatif. Le gouvernement turc était visiblement hostile à ce projet. Il n’aspirait qu’à tirer delà Grèce une vengeance éclatante pour mater du même coup toutes les populations chrétiennes de l’empire, et rendre pour longtemps impossible l’insurrection générale des nationalités dont il est continuellement menacé. Il ne pouvait néanmoins opposer à la volonté des puissances une fin de non-recevoir, mais il déclara formellement dans une dépêche du 30 décembre, arrivée à Paris le 8 janvier, qu’il ne pouvait accepter le principe d’une con-