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consultes, médecins et instituteurs, 3 par les villes et 3 par les communes rurales.

Mouvement socialiste. Parti démocratique.-Nous avons fait connaître dans le 4e volume de l’Annuaire, article OUVRIERS ALLEMANDS, l’origine du mouvement socialiste en Allemagne, et la formation de l’association générale des ouvriers allemands (AUgemeiner deutsclier Arbeitervérein), constituée sous les auspices de Lassalle. Ce dernier avait été tué en duel en avril 1864 ; —mais son parti avait trouvé d’autres chefs, et n’était pas moins.hostile que pendant la vie de son fondateur au parti de Schulze-Delitsch. La guerre du Sleswig, et plus’ tard les grands événements de 1866, avaient rejeté au second plan la question ouvrière ; avec le retour de la paix, les aspirations socialistes se manifestèrent avec une force nouvelle, et depuis la seconde-moitié de 1868, les assemblées ouvrières ont rempli l’Allemagne du bruit de leurs débats. Mais ces débats furent stériles ; ils n’engendrèrent que des divisions, et aujourd’hui, au lieu de deux groupes opposés, il y en a au moins quatre au sein desquels se préparent de nouvelles scissions, provoquées par des individualités ambitieuses, auxquelles les ouvriers s’attachent tour à tour. L’association générale, fondée par Lassalle, avait subsisté et s’était rangée sous la direction de plusieurs chefs, dont les principaux étaient le Dr Schweitzer et M. Mende, tous deux nommés depuis membres du parlement du Nord. Mais à côtéde cette association générale, il s’était fondé un grand nombre d’associations partielles, soit par contrée, soit par métiers, qui n’avaient que des rapports éloignés avec l’association générale, quoiqu’elles partageassent les mêmes doctrines. En outre, dans l’association générale, il avait éclaté une scission. M. Mende s’était séparé de M. de Schweitzer sur la question des grèves, le premier les déclarant inutiles, le second les considérant comme un moyen, sinon d’améliorer d’une manière durable le sort des ouvriers, du moins d’organiser la résistance des classes laborieuses. Dans une réunion de délégués des membres de l’association générale, tenue à Hambourg, du 23 au 2'> août 1868, M. de Schweitzer exposa ses principes et convoqua un congrès général des ouvriers à Berlin, pour le 26 septembre de la même année. Mais déjà, MM. Bebel et Liebknecht, artisans, membres aussi du parlement du Nord, avaient convoqué un congrès des associations partielles qui se réunit à Nuremberg, le 7 septembre 1868. Un grand nombre des partisans de Schulze-Delitsch s’étaient rendus à cette assemblée. Ils s’aperçurent bientôt que là aussi les doctrines Lassaliennés étaient dominantes. Environ 150 associations étaient représentées au congrès. La principale des questions qui leur étaient proposées consistait à savoir si les associations ouvriè-

res, connue telles, devaient ou non s’occuper de politique, et si, en conséquence, le congrès devait adhérer aux principes posés par l’association internationale, qui avait son siège à Genève. MM. Bebel et Liebknecht étaient pour l’affirmative ; les partisans de Schulze-Delitsch, dont le principal orateur était M. Hirsch, voulaient qu’on restât sur le terrain purement économique. L’opinion de M. Bebel l’emporta, à la majorité de68 voix contre 48. La minorité quitta immédiatement la salle, et ouvril un congrès à part. Tandis que la majorité conservait le titre de congrès « des associations ouvrières allemandes (deutsche Arbeitervereine), « et constituait un comité permanent chargé de diriger ces associations, la minorité formait une union nouvelle, sous le titre de Ligue des ouvriers allemands (deutscher Arbeiterbund).

Le 26 septembre, le congrès, convoqué par M. de. Scbweitzer, se réunit à Berlin. Là était le, centre de l’influence de M. SchulzerDelitsch, qui avait tenu deux jours auparavant une réunion de ses partisans, et s’était vivement prononcé contre la dictature que certains individus s’arrogeaient sur la classe ouvrière. Douze ouvriers mécaniciens de son parti voulurent assister au congrès des amis de M. de Schweitzer ; mais on les somma de quitter la salle, et s’y étant refusés, ils furent jetés dehors. Ce congrès était comppsé. dp 205 délégués, représentant 105 localités et 56 métiers. On y posa les bases d’unp organisation générale des métiers. M. Mende tenait en même temps, à Dresde, une assemblée où parurent plus de 1,30.0 ouvriers, et qui protesta contre la doctrine des grèves et la dictature de M. de Schweitzer. Enfin, les mécaniciens de Berlin, dont les délégués avaient été expulsés le 26, tinrent le 28 une réunion à part, dans laquelle ils posèrent également les principes d’une organisation de métiers, peu différente de celle des partisans du Dr Schweitzer, et rappelant les trade-unions de l’Angleterre,

L’année 1869 n’effaça pas les divisions nées en 1868. Le 23 mai, deux congrès furent tenus à Cassel, l’un des partisans de M. de Schweitzer, l’autre de la ligue des ouvriers allemands. MM. Bebel et Liebknecht convoquèrent leurs associations pour le 7 août, à Eisenach. Les partisans du Dr Schweitzer voulurent prendre part à ce congrès. Mais l’opposition des deux partis éclata à l’occasion du choix même du président, et après une scène de tumulte, chacun d’eux se réunit dans un local à part. Le parti Schweitzer, qui n’avait pas eu d’autre but que de troubler la réunion de ses adversaires, se borna à proclamer l’excellence des principes posés par Lassalle. Lé parti Bebel arrêta les statuts d’une association générale, et formula un programme démocratique et socialiste.