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faire entrer du bois dans Paris, qui’ avait épuisé depuis longtemps tous les approvisionnements de combustible. Gambetta avaitlancé’ de Bordeaux une proclamation contre l’armistice que nous avons signalée à l’article SEPTEMBRE (GOUVERKESIENT DU QUATRE). Les Prussiens s’en montrèrent profondément irrités, et le 4 février, ! ils interrompirent pendaut 24 heures le ravitaillement, qui avaitcommencè dès le premier jour de l’armistice. Le- 5 février, — une foule énorme se précipitait du côté’de Neuilly pour chercher des vivres. Trois des membres du gouvernement, Arago, Garnier Pages et Pèlletan, partirent le 4 pour Bordeaux, où ils avaient été devancés par Jules Simon ; le-général Le Flô, . ministre delà guerre, s’y rendit lui-même le 7. Des citoyens en grand nombre regagnaient, en même temps, leurs départements respectifs, pour aller surfaire au sein de leurs familles ou pour participer aux érections, qui étaient fixées au 8 février. On évalue à plus dèl00 ;000, appartenant presque tous à la gardé- nationale et au parti de l’ordre, ceux qui sortirent ainsi de Paris, et cette absence- dès hommes les plus éclairés et les plus raisonnables eut une conséquence funeste ; elle laissa prédominer dans la garde nationale l’influence du parti révolutionnaire, qui le 8’ ; le jour même des’ élections, publiait dans Bellevillè une affiche pourdemânder l’arrestation des membres du gouvernement. Cette affiche avait été signée par Raoul Rigaûlt, Eavallétle, Tinguy, Henri Verlet.
Paris avait. 43 députés à envoyer à l’assemblée nationale. Les élections furent complètes et aucune d’elles ne nécessita un second tour de scrutin. Elles caractérisaient parfaitement les sentiments républicains de- la grande cilé, et l’effervescence des esprits, prompts à se jeter dans les exagérations les plus fâcheuses. Là liste suivante en est la preuve. Elle fait connaître-lés noms dès’ élus et le nombre de voix obtenu par chacun d’eux.
Louis Blanc 216,471-’
Victor Hugo.-214,169.
Garibaldi. : 260,065.
Quinet........ 199,008
Gambetta ; 191,211
Bochefort....... 163,428
Saisset.., .... -154,347
Delesctaze...., .. 153,897
Jbigneâux 153 ;314
Sehoeleber 149,918
« Félix Pyat......,14.1,118
Henri Martin. 139,155
Amiral Pothuaii.. 13S.142
Locliroy 135,635
Gambon.......129,573
Dorfcm..,128,197.
Eanc..,126,572
Mâlbn........ 117,253
Henri Bïisson... 115,710
Tliiers. 102,954
Sauvage.....102,690
Martin Bernard.. 102,1SS
MaTc uulraisso... 101,192 Greppo............ 101,001
Langlois................. 95,756
Frébault. 95,235
Clemenceau 95,04S
Vacherot........ 9i,394
Jean Brimet......., 93,645
Floquet, .....93,438
Cournet. 9’,648
Tolain. 89,160
Littrè............ 87.7S0
Jules. Eavre.., ., 81,126
Arnaud rie l’Ariëge. 79,710 Ledru-Bollin.. -. 76,736
LéonSay. 75,939
Tirard., .......... 75,178
Bazouat......... 74,415
Edmond Adam... 73,217
Millïère 73,145
Peyrat........... 72,243
Farcy............ 69,798
Le lO’fèvrier, le préfet de police, M. Cresson, donna sa démission, découragé qu’il était par les élections. Il fut remplacé par M. Choppin. Une préoccupation des plus vives s’imposait à la capitale. L’article 11 de la convention d’armistice portait : « La ville de Paris payera une contribution municipale de guerre de 200 millions de francs. Ce payement devra êire effectué avant le quinzième jour de l’armistice. Lé i mode dé payement sera déterminé par une commission mixte allemande et française. » L’armistice avait commencée 28 janvier. Les 200 : millions devaient donc être versés le 11 au plus tard. Mais un court délai fut accordé. Le 10 février, Trochu, J. Favre, 3 : Ferry, Ern. Picard, ; signaient un décret autorisant la ville à emprunter 200 millions, à établir de nouvelles taxes pour faire face au service de l’emprunt, et à aliéner, pour le garantir ; les biens qu’elle possède et qui ne sont pas affectés au service public. Les- principaux banquiers se réunirent et, souscrivant l’emprunt total’, obtinrent, non sans : peine, du gouvernement prussien qu’il reçût les 200 millions parlie en espèces et partie en billets-de banque, traités sur Londres, etc. Ces 200’ millions furent portés le 13 février à. Versailles.
Une grande surexcitation s’ë lait manifestée lemême jour dans certains quartiers ; ce n’était pas" sans raison ; le pain manquait depuis l’a veille. Des farines, heureusement, arrivèrent. Le lendemain une-autre satisfaction était dbn- . née aux Parisiens ; ils ne pouvaient, depuis la capitulation, recevoir ou envoyer des lettres’ hors Paris que sous une enveloppe ouverte ; celte mesure tyrannique venait d’être abolie ; Le 19’, le désarmement de l’armée, qui avait donné lieu à quelques-difficultés avec les Prussiens, était complètement terminé. Mais d’autres inquiétudes régnaient à Paris. L’article 4 du traité d’armistice portait que « pendant toute la durée dé l’armistice l’armée allemande n’entrerait pas dans Paris. » Elle devait donc y entrer âpres l’armistice. Mais quand ? On avait craint pour le 19, jpur où expirait l’armistice, Des Tumeurs partout répandues, spécifièrent ensuite d’autres dates. On disait que le 22 l’empereur Guillaume devait faire dans la ville son entrée triomphale, passer son armée en revue aux Champs-Élysées, prendre une collation aux Tuileries avec son état-major et traverser ensuite, avec 300,000 hommes, tout Paris, enseignes déployées et musique en tête. Legénéral Trochu, auquel on avait demandéson avis sur l’entrée des Allemands, avait répondu, dans une lettre publiée le lî ? février par le journal la Liberté, qu’il fallait fermer les portes, sans les défendre, pour obliger les Prussiens à les briser à coups de canon, afin de pénétrer dans-ce Paris« alors qu’ils n’avaient forcé