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et le 20e corps se trouvaient, comme nous venons de le dire, très-loin du nouveau champ !de bataille choisi par Frédéric-Charles ; les 16e et 17e, corps s’en éloignaient eux-mêmes, de sorte que tout le poids de la lutte allait tomber sur le 15e. •’. !■’

À neuf heures et demie du matin, le 3 décembre, Manstein, avec le 9e corps, attaquait Artenay, pendant que d’Alvensleben, avec le 3e corps formé en plusieurs colonnes, marchait contre Chilleurs-aux-Bois, où il arrivait vers 11 heures, poussant une forte avant-garde jusqu’au de ! a de Toury. Une partie du 10e corps, celui de Voigts-Rhetz suivit la même direction ; Le grand-duc de Mecklembourg s’avançait en même temps, de Poupry vers Chevilly, Sougy, etc.

La division Martineau défendit Artenay jusque vers onze heures, ret se relira-lentement, en bon ordre, faisant face à l’ennemi. Au bout de trois heures de combat incessant, elle arrivait à la Croix-Buqùet, à moitié chemin entre Artenay el Chevilly, attendant des secours qui n’arrivaient pas. Voyant cette position trop menacée, le général Martineau ; se replia ensuite sur Chevilly ; là, il trouva la brigade de cavalerie Boërio, renforcée par lesspahiset les chasseurs d’Afrique ; le général Reytavin, envoya à Douzy, pour la soutenir ; deux régiments et de l’artillerie ; le combat commença surce point vers trois heures, et dura jusqu’à la chute du jour. Les colonnes allemandes débordaient de tous côtés et le général Martineau, évacuant Chevilly pendant la nuit, battit en retraite vers Cercoltes, pendant que Peytavin se retirait d’Huêtre à Gidy. Le général Martin des Pâillères occupait avec sa grosse division, près de Chilleurs-aux-Bois, le village de Santéau, sur la roule d’Orléans à Pithiviers. Cette division, attaquée par le 3e corps allemand, ne se défendit que mollement et finit par battre en retraite, malgré les forts retranchements du village el les canons qui les protégeaient. Nos lignes étaient donc rompues à l’ouest comme à l’est et au centre ; l’ennemi s’avançait de tous côtés sur Orléans en masses compactes. D’Aurelles de Paladine régardaitla situation comme désespérée, et dans ia nuit du 3 au 4 il adressait à Gambetta un télégramme où il disait : « Dans cette situation, il n’y a plus lieu de faire des plans de campa gagne. Je dois’ même vous déclarer que je regarde la défense d’Orléans comme impossible, À II annonçait donc son intention de battre en retraite. Les 16eet 17ecorps devaient, disait-il, se retirer sur Beaugehcy et Blois, le 20e par Gien, et le 15e par Orléans, pour aller eu Sologne. Le ministre de la guerre lui répondit immédiatement (3 heures du matin) que rien ne lui paraissait

?notiver cette résolution désespérée ; qu’il s’était

fait batire en détail, mais qu’en concentrant ses forces, le 18e et le 20e corps trop oubliés, le 15e, leie" et le 17e, il pouvait opposer encore à l’ennemi, derrière des travaux de défense formidablement armés, une armée de 200,000 hommes. Il ajoutait que Bourbaki allait de son côlé réaliser un mouvement de concentration sur Orléans.—À ces observations d’Aurelles de Paladinés répliqua (4 déc, 8 h..1/2 du matin), qu’étant sur les lieux, il était mieux, que le ministre, en état déjuger de la situation. « L’ennemi, disait-il, a franchi tous les obstacles jusqu’à Cercoltes ; il est, en outre, maître de tous les débouchés dé la forêt ; la position d’Orléans n’est donc plus ce qu’elle était autrefois. Aujourd’hui qu’elle est entourée et qu’elle a perdu l’appui de la forêt, elle n’est plus défendable avec des troupes éprouvées par trois jours de fatigue et de combats, et démoralisées par les pertes considérables qu’elles ont faites... Le temps presse et ne permet plus de faire la concentration dont vous parlez. La résistance ne peut plus s’organiser d’une manière efficace ; malgré tous les efforts que l’on pourrait tenter encore, Orléans tombera fatalement, ce soir ou demain, entre les mains de l’ennemi... Chercher à concentrer l’armée à Orléans, c’est l’exposer à être détruite sans résultat. Je crois donc devoir maintenir les ordres qui. ont été donnés. » A

Devanlla volonté si énergiquement exprimée du général, le gouvernement ne pouvait insister. Le 4, à onze heures du màtiny les membres delà délégation lui adressèrent collectivement une dépêche où ilsl’autorisaienl à opérer la retraite puisqu’il la jugeait nécessaire. Mais à l’heure même où Gambetta et ses collègues lui transmettaient ce télégramme, et avant de l’avoir reçu, d’Aurelles leur en expédiait un autre ainsi conçu : « Je change mes dispositions : dirige sur Orléans 16e et 17e corps, appelle 18e et 20e, organise résistance, suis à Orléans, à la place. » Certains indices lui avaient fait croire à la possibilité d’une résistance heureuse. Deux heures après, M. de Freycinet lui écrivait pour le féliciter et lui promettre un renfort de 60,000 hommes, ce qui porterait ses forces à 260,000 ; il lui annonçait que Gambetta partirait dans une demi-heure pour Orléans ; . mais à cinq heures un quart du soir, le général d’Aurelles avait reçu dé nouvelles informations très-décourageantes, et il transmit à Tours la dépêche suivante : « J’avais espéré jusqu’au dernier moment pouvoir me dispenser d’évacuer Orléans ; tous mes efforts ont été impuissants. Cette nuit, la ville sera évacuée. »

Nous avons cru devoir reproduire les passages les plus saillants de ces dépêches, parce qu’elles ont élé et seront longtemps le thème de discussions passionnées. Le même soir, 4 décembre, l’ennemi menaçait de bombarder