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contre six. Elle avait été surprise et manquait de tout ; elle était, par surcroît, mal commandée, et l’histoire véridique dira, que, dans la campagne funeste de,1870, les généraux ont manqué aux soldats beaucoup plus que, lès soldats aux’généraux.

Nous ne voulons pas contester à l’armée allemande de grandes et sérieuses qualités, et surtout une discipline supérieure à la nôtre. La Prusse était devenue depuis 1859 un vaste camp de manœuvres ; tout ce qu’il y avait, d’énergie dans ce pays avait été employé, pour ainsi dire, à dresser des soldats, à fabriquer des armes, ; à fondre des canons, a-entasser des munitions dans les arsenaux, à élaborer des plans de campagne. Ce travail patient et obstiné porta nécessairement ses fruits. Mais le gouvernement

prussien se ménageait, en même temps, d’autres moyens de succès.que nous ne saurions passer sous silence. ;■■■

Avide comme un oiseau de proie, la maison de Hohenzollern voulait rétablir à son profit l’empire germanique ou, en d’autres termes, soumettre au joug de la Prusse, la Saxe, le Hanovre, la Hesse, Bade, ’la Bavière, le Wurstemberget tous les autres pays de langue allemande, y compris ceux qui font partie du Danemark, de l’Autriche et de la France. Tout avait été combiné dans ce but. Le démembrement du Danemark fut le premier aele du drame sanglant dont M, de Bismarck voulait êtrele héros ; le second acte finit à Sadowa : ; mais l’Autriche vaincue, il fallait dompter la France et le cabinet de Berlin lança sur nous, une formidable armée d’espions, hommes et femmes, qui revêtant tous les costumes, exerçant toutes les professions, se faufilant sous tous les prétextes, visitaient nos êtàblissemen ts militaires, et nos arsenaux, s’introduisaient dans tous les bureaux des ministères, se faisaient admettre dans nos salons, venaient, s’asseoir a nos tables et dans l’intimité de nos foyers, saisissant nos secrets, prenant acte de tout, abusant à outrance d’une hospitalité naïvéet généreuse, et marquant le point où il faudrait frapper plus tard, pour nous plonger dans le cœur le poignard de la Prusse. !

Ces hordes impures qui, sur l’ordre de M. de Bismarck envahirent, en pleine paix, nolrepays, furent pour beaucoup dans la réputation d’habileté consommée que valut aux Prussiens la campagne de 1870-1871. Ils avaient levé tous les plans, étudié tous les accidents déterrais, parcouru toutes les routes et tous les chemins, dressé le tableau des ressources de chacun de nos villages et de chacune de nos gares de chemin de fer. Voilà dans quelles conditions eutlieu l’invasion, et par quels procédés M. de Bismarck en assura le supcès. Il fallait ici le redire, pour faire apprécier à. sa juste valeur

le ; génie profond attribué à l’armée prussienne, pour faire connaître tons les éléments ; de ; cette infaillible, science géographique dont elle donna tant de.preuves étonnantes dans là campagne !de !France, jusqu’à se diriger tout droit, et.sans hésitation, dans Chaque village envahi, vers les maisons où il y. avait le plus à réquisitionner, à butiner et à piller. L’armée d’espions créée par le gouvernement prussien, .. était complétées effet ; elle, comprenait ; dés diplomates, des généraux, des ingénieurs, : des administrateurs/des femmes dù.monde, des religieuses, des négociants, des industriels, cent mille ouvriers ou domestiques répandus dans nos villes, dans les ; Villages’.'. et les.fermés des départements : situés entré Paris et les frontières dp Test. Toute cette plèbe allemande, partit avant la guerre et revint incorporée.dans l’armée prussienne, pour la guider à la conquête dëja toison d’or, .-, -.

L’armée prussienne avait reçu une organisation qui favorisa singulièrement ce pillage, de nos populations ! inoffensives ; dont, nous avons présenté à l’article SESSION le.tableau.officiel. Elle était pourvue d’une immense cavalerie légère qui, formant autour d’elle un rideau profond, dérobait ses mouvements et la mettait à l’abri de toute surprise. La Cavalerie servait en outre à l’éclairer et, s’avançant en petits détachements, à des distances quelquefois très grandes, répandait la terreur dans les villages sans défense, prenait tout ce, qui était à. sa convenance, réquisitionnant vivres, bestiaux et fourrages, approvisionnait l’armée et préparait, sur son chemin, les étapes.

C’est dans ce déploiement ; bien calculé delà

; cavalerie, dans, le rôle assigné à l’artillerie et

dans le nombre, surtout dans le nombre, qu’il faut chercher le secret de la victoi.ro. de.la Prusse ; car, pour en revenir ; aux qualités des deux armées, notre infanterie l’emportait, et de beaucoup, par son armement, par le. courage

brillant dé nos soldats, par la vivacité ’dé leur

intelligence et la promptitude de leurs, mouvements sûr la lourde infanterie allemande. :Nos officiers n’étaient pas aussi inférieurs qu’on le. prétend à ceux qu’ils avaient.à combattre, car. ils reçoivent une instruction à peu près, identique à celle des officiers allemands, et même plus développée dans quelques-unes dé nos écoles. On s’accorde cependant à’dire que l’état-major prussien a sur le nôtre un très-réer avantage, par le fait même que les’hommes dont il est composé, ne. sortant pas d’une.écolé spéciale, sont choisis parmi les officiers les plus intelligents : et les plus instruits des différents corps de l’armée. Ils peuvent’ de là sorte, sans avoir plus de, science que ceux de l’état-major.français !, posséder plus.d’expérience et de connaissances p raliques. Oh a prétendu aussi que les officiers