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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

qui précède celui du sacrifice (c’est-à dire, le quatorzième) alors même que son après-midi ne renferme pas la Date de la nouvelle lune.

Ainsi lorsque les après-midi des deux jours sont entièrement occupés par la Date de la nouvelle lune, le repas aux brahmanes en l’honneur des mânes des ancêtres doit être fait le second jour. Si les soirées des deux jours renferment presque la Date de la nouvelle lune et qu’il y ait un accroissement de la première Tithi, alors le repas aux brahmanes en l’honneur des mânes des ancêtres doit être accompli pendant la première Tithi et après le sacrifice.

Lorsque l’après-midi du second jour renferme la Date de la nouvelle lune et que la première Tithi étant en décroissance le sacrifice s’accomplit à la Date de la nouvelle lune, alors les Rig-Védistes doivent prendre le premier jour qui renferme le temps de la Date de la nouvelle lune appelé Sinivāli (voir note 154) ; les sectateurs du Yajur-Véda-noir[1] doivent prendre le second jour qui renferme le temps de la Date de la nouvelle lune appelé Kuhu (voir note 156) ; et les Sāma-Védistes peuvent choisir l’un ou l’autre.

Quand l’après-midi du premier jour renferme plus de la Date de la nouvelle lune que celle du second jour, les Sāma-Védistes doivent prendre le premier jour et les sectateurs du Yajur-Véda noir le second. On dit que lors même

  1. Il faut se rappeler que le Véda appelé Yajur existe en deux recensions, soit : le Vājasaneya ou récension blanche et le Taittiriya ou récension noire, qui diffèrent sur plusieurs points, et que cette divergence se produisit probablement avant que le texte du Yajur ne fût confié à l’écriture, au temps où les Védas se transmettaient encore oralement d’une génération à une autre. La légende du Matsia Purāna rapporte que l’auteur du Yajur-Véda, le snge Vaishampāyana communiqua d’abord ce Véda à son disciple Yājnavalkya en le chargeant de l’apprendre à ses vingt-six autres compagnons d’étude. Cependant, avant que Yajnavalkya eftt eu le (emps de s’acquitter de ce devoir, il commit une grave offense contre le sage son maître, qui lui ordonna aussitôt de restituer les mots védiques qu’il lui avait confiés. Yajnavalkya les vomit aussitôt sur le sol sous une forme matérielle. Alors le maître transformant ses vingt-six autres disciples en autant de Taittiris, ou perdrix, leur dit de ramasser le Véda vomi, qui, par son contact avec le sol, était déjà souillé et noirci et fut depuis ce temps appelé Yajur-Noir ou Taittiriya-Yajur-Véda.

    Demeuré ainsi sans Véda, Yājnavalkya se rendit le soleil favorable au moyen d’hymnes agréables, et celui-ci, en récompense, lui apparut sous la forme d’un cheval, ou Vajin, et lui donna un nouveau texte du Yajur Véda, qui fut appelé pour cette raison texte Vûjasaneyin et aussi Yajur-Véda Blanc.

    Le véritable sens de celle légende n’est pas difficile à deviner. Il est toujours arrivé dans les écoles scholastiques et philosophiques, nous en voyons de nombreux exemples dans l’histoire de la philosophie grecque, et même, de notre temps dans les relations qu’ont eu entre eux Saint-Simon, Comte, Spencer, qu’un disciple ardent et avancé se sépare de son maître, rejette une partie de son système et ajoutant à ce qu’il conserve de nouvelles conceptions, crée, pour ainsi dire, un nouveau système et méprise In source a laquelle il s’était d’abord désaltéré ; de même aussi Yajnavalkya, après s’être rendu maître de la philosophie de son précepteur, en rejeta une partie, établit une nouvelle méthode et appela l’ancien système de son premier maître d’un nom de mépris le Yajur Noir ou le Yajur des perdrix.