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LE DHARMASINDHU

unième jour précédant l’entrée du soleil dans le signe zodiacal. Telle (du moins) doit être sa signification réelle et il faut calculer ces « parties » suivant que la date de l’ère est plus haute ou plus basse.

L’aṉsha en 60 kala ou minutes.

Le kala en 60 vikala ou secondes.

Il est clair qu’Ayanâṉsha signifie un degré de l’écliplique ; mais il est aussi évident que dans le texte ci-dessus Ayanâṉsha a un sens particulier, car l’auteur dit que, dans l’année 1712 de l’ère de Shalivâhaṉa (voir noie 33), il y avait vingt et une de ces parli » s ou degrés. Je pensai d’abord qu’il ne s’agissait que d’un calcul purement astrologique ; mais en réfléchissant que même, ces nombres astrologiques sont presque toujours liés à quelque fait réel, je me mis à chercher de quelle manière on avait obtenu ce nombre 21. J’eus beau interroger souvent et soigneusement des astrologues et d’autres brahmanes versés dans les livres sacrés, je ne pus rien apprendre, si ce n’est que dans l’année 1880, ou 1802 de l’ère de Shâlivâhana, il y avait vingt-deux de ces parties plus une forte fraction ; ils ignoraient eux-mêmes le sens ou la manière de faire ce calcul, ou bien, ce qui est plus probable, il ne voulaient donner aucun éclaircissement sur ce sujet. Après avoir fouillé un grand nombre de traités d’astronomie et d’astrologie, je trouvai dans le Grahalâgbava, traité composé au commencement du quinzième siècle, le court passage que voici relatif à l’Ayanâṉsha de notre texte : Atha vedâbdyabdhyûnah kharasahritashshakoyanâṉshâh. Ce qui veut dire : « De (l’année courante de) l’ère de Shâlivâhaṉa, il faut soustraire les Védas, la mer et encore la mer, diviser le reste par cavité et goût et on aura l’Ajanâṉsha ». D’après le sens symbolique des mots employés dans l’astronomie pour la rendre obscure à celui qui n’est pas initié Védas représente le chiffre 4, chacune des Mers figure également le chiffre 4, ce qui fait en numération 444, qui est la somme à soustraire ; Cavité représente le chiffre 0, et Goût le chiffre 6, qui renversés donnent le diviseur 60.

Si maintenant de l’année indiquée dans le texte ci-dessus 
 1712
nous retranchons 
 444
il nous reste 
 1268


nombre qui, divisé par 60, nous donne 21 Ayanaṉshas ou degrés avec une fraction de 8 kalas ou minutes La même opération laite pour l’année 1802 de l’ère de Shâlivâhana donnera 22 degrés avec une forte fraction de 38 minutes, exactement le nombre mentionné ci-dessus. Voilà pour le calcul. Voyons maintenant ce que peuvent représenter le soustractande 444, le diviseur 60 et le quotient 21, l’ayanâṉsha du texte. A cet égard le texte concis du Grahalâghava n’autorise même aucun soupçon ; mais ua commentaire de cet ouvrage, écrit au commencement du seizième siècle, dit, à propos des mots mêmes que nous avons cités du Grahalâghava, que la première fois qu’on se servit pour mesurer l’ombre du soleil d’un certain instrument (le gnomon), dont il donne une description minutieuse « en l’année 444, au temps de l’équinoxe de printemps, et au milieu du jour » aucune ombre ne se projeta à la base de l’instrument, mais que l’année suivante à l’équinoxe de printemps, on observa une ombre d’un kala, ou minute, et que l’ombre grandit d’une minute chaque année. Comme il y a 60 minutes dans un degré ou ayanâṉsha, et comme chaque année n’ajoute qu’une minute à l’ombre, il suffît pour trouver le nombre d’ayanâṉshas écoulés d’une simple division de l’ère par 60, en ayant soin toutefois de soustraire préalablement du chiffre de l’ère le nombre 444, c’est-à-dire, la date avant laquelle on ne savait rien de ces ayanâṉshas et on n’en avait l’ait aucun calcul.

Pour quiconque nous a suivi attentivement jusqu’ici il doit être évident que les ayanânshas représentent lesdegrès de ce que nous appelons « précessioa des équinoxes », phénomène découvert en 130 avant J.-C. par le grec Hipparque. La précession équinoxiale d’une minute par an est évidemment exagérée, puisque selon l’astronomie exacte, elle n’est que de 50" 1/3 ; mais cette faible différence peut facilement être mise sur le compte de l’imperfection toute primitive des instruments employés (d’après la description du commentaire du Grahalâghava), de la pénombre dont il n’est pas tenu compte, et aussi de ce que les petites fractions en plus ou en moins étaient négligées, ainsi qu’on le voit, dans tous les calculs de ce genre et comme le dit clairement le commentaire que nous citons. Les astronomes indigènes connaissent parfaitement bien le défaut d’exactitude de leurs calculs, car un traducteur et commentateur Marâthj du Grahalâghava dit que 210 ans après que cet ouvrage eut été composé l’astronome Vishvanâtha Deivajna découvrit des erreurs et les corrigea au moyen d’additions et de soustractions. Il est impor-