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INTRODUCTION



Adoration au grand Viṭṭhala[1], qui est plein de grâces et de miséricorde, à qui il est facile de plaire, qui exauce les désirs des malheureux, qui dessèche la mer des innombrables transgressions, le ravisseur du cœur de Rukmini[2], l’Être Suprême dont l’activité s’étend au delà de toutes limites, et qui pénètre l’âme !

Adoration à Shankara[3], le destructeur des iniquités. Puisse-t-il, jour et nuit reposer sur ma tête son (adorable)[4] main !

J’adore avec empressement l’épouse de Shiva, et aussi (Ganapati) le Sei-

  1. Shri-Viṭṭhala est le nom d’une idole adorée à Pandharpur, ville du Dekkan. Plus communément appelé Vittoba, ce dieu est considéré comme une incarnation de Vishnu, seconde divinité de la Triade indoue ; c’est le plus populaire des dieux des Marathas. Le mot que je traduis ici, et plus loin encore dans la préface, par adoration est « vande » ; il s’emploie usuellement dans le sens du Salut d’adoration qu’on fait aux dieux en commençant chaque exercice religieux ou même chaque entreprise mondaine, telle que, par exemple, écrire un livre.
  2. Ici Vittoba est identique à Krishna, le fameux héros-dieu du grand poème épique le Mahâbhârata ; l’épithète employée dans cette phrase fait allusion à une anecdote rapportée dans ce poème ainsi que dans le Bhâgavatapurâna : Rukmini, la belle et intelligente fille de Bhishmaka, avait été promise en mariage à un homme qu’elle ne pouvait aimer ; elle entendit parler des exploits héroïques de Krishna, s’éprit d’amour pour lui, et, dans une lettre brûlante de passion, le supplia de la sauver du malheur qui la menaçait ; alors Krishna l’enleva et l’épousa. J’ai traduit le mot « mati » par « cœur ». Quelques commentateurs indigènes lui donnent le sens d’« intelligence ».
  3. Shankara est un autre nom de Shiva, troisième divinité de la Triade indoue.
  4. Tous les mots entre parenthèses ne se trouvent pas dans le texte sanscrit, mais je les emploie pour compléter le sens et le style de la traduction.