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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

grande crainte. Çakra, et le roi des Souyâmas et les Touchitas sont lombes au pouvoir de Namoutchi. Qui donc se plaît en cet état qui n’est pas souhaité par les gens honorables et qui est rempli de douleur ?

Celles-ci dirent :

122. Vois ces arbres fleuris, les plus beaux entre tous, avec leurs Jeunes rameaux sur lesquels chantent les Kôkilas et les Djivandjivakas et bourdonnent les abeilles ; sur la terre où a poussé un beau (gazon) vert, moelleux, gras et épais, dans le bois fréquenté par la multitude des Kinnaras, livre-toi au plaisir avec les belles jeunes filles !

Le Bôdhisattva dit :

123. C’est par le pouvoir du temps que sont fleuris ces jeunes rameaux ; qu’affamées et altérées les abeilles se sont approchées des fleurs. Quand le soleil aura desséché les choses nées sur le sol de la terre, l’Amrïta, goûté par les précédents Djinas, le sera certainement ici par moi.

Les filles du démon dirent :

124. Regarde-les donc, toi qui as un visage de lune, elles qui ont un visage pareil au lotus nouveau ; leurs voix sont douces et vont au cœur, leur dents sont blanches comme la neige et l’argent ; leurs pareilles, difficiles à trouver, (même) dans le séjour des dieux où pourraient-elles être obtenues par toi dans le séjour des hommes, elles qui sont sans cesse les objets du désir des premiers des dieux ?

Le Bôdhisattva dit :

125. Je vois le corps malpropre et impur, rempli d’une famille de vers, combustible qui se consume, fragile et enveloppé de douleur ; j’obtiendrai la dignité impérissable et révérée par les gens sages, qui produit le bonheur suprême du monde mobile et immobile.

Celles-ci dirent :

126. Après avoir montré les soixante-quatre magies du désir, elles font résonner leurs ceintures et les anneaux de leurs jambes ; les vêtements en désordre, enivrées et le visage riant, quelle faute a donc été commise envers toi (par elles) que tu les dédaignes ?

Le Bôdhisattva dit :

127. Dans toutes les créatures est le péché ; il le sait, celui qui a secoué la passion. Les désirs sont pareils à des épées, à des dards, à des piques ; semblables à un rasoir enduit de miel ; pareils à la tête du serpent, à un sillon de feu ; ils sont bien connus de