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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

saisi par le cou un homme très faible, le tourmenterait, de même Religieux, tandis que je domptais mon corps avec mon esprit et le tourmentais, des sueurs coulaient de mon front, se congelaient, se réchauffaient et s’évaporaient en fumée.

Ensuite, Religieux, il me vint à la pensée : Je me livrerai à la contemplation Âsphànaka. Tandis que je me livrais à cette contemplation, l’aspiration et l’expiration par la bouche et le nez furent interceptées ; des deux ouvertures de mes oreilles, des bruits forts, de grands bruits sortirent ; comme, par exemple, quand on agite le soufflet d’une forge, il en sort un bruit fort, un grand bruit. De même aussi, Religieux, mes deux souffles d’aspiration et d’expiration ayant été tous les deux interceptés, un bruit fort, un grand bruit sortit par les deux ouvertures de mes oreilles.

Ensuite, Religieux, il me vint à la pensée : Je me livrerai encore à la contemplation Âsphànaka. Alors, Religieux, mes oreilles, mon nez et ma bouche furent bouchés. Ceux-ci bouchés, le vent heurta le crâne au sommet de la tête. De même, Religieux, qu’un homme, avec une lance aiguë pei’cerait le crâne de la tête, de même. Religieux, ma bouche, mon nez et mes oreilles ayant été bouchés, le souffle de mon aspiration et de mon expiration heurta le crâne au sommet de la tête.

En ce moment, quelques dieux ayant vu cet état du Bodhisattva, parlèrent ainsi : Hélas ! il est allé à la mort, en vérité, ce jeune Siddhârta ! D’autres dirent : Non, il n’est pas allé à la mort, mais il en est ainsi pour les Arhats qui demeurent dans la méditation. En ce moment, ils récitèrent ces deux stances :

1. Non, vraiment, ce fils du roi des Çâkyas, sans avoir rempli son dessein, ne mourra pas ici même dans un désert en laissant les trois mondes dans la douleur et sans guide, sans avoir atteint son but !

2. Ah ! essence des êtres dont la promesse est solide, qui fus invité au sacrifice de la bonne loi, où est, ô guide, la promesse solide que tu nous fis autrefois dans le Touchita, être pur ?

Puis ces dieux étant allés au milieu des dieux Tràyastrimçats, firent entendre cette nouvelle à Màyà Dêvî : Le jeune prince est arrivé à l’heure de la mort.

Alors Mâyâ Dêvî, entourée des troupes d’Apsaras, à l’heure de minuit