Page:Annales du Musée Guimet, tome 6.djvu/255

Cette page n’a pas encore été corrigée
211
LALITA VISTARA. — CHAPITRE XVI

Alors, Religieux, le Bôdhisattva agissant sous l’influence de cette idée, se rendit à l’endroit où était Roudraka, fils de Râma, et lui parla ainsi :

Ami, quel est ton précepteur ou de qui est la loi enseignée que tu connais tout entière ?

Ainsi interrogé, Roudraka, fils de Râma, répondit au Bôdhisattva : Je n’ai, ami, aucun précepteur et c’est uniquement de moi-même que j’ai compris cela.

Le Bôdhisattva dit : Qu’est ce qui a été compris par toi ? Roudraka dit : La voie de l’acquisition de la quiétude, de la demeure où il n’y a ni idée ni absence d’idée.

Le Bôdhisattva dit : Puissions-nous obtenir de ta bouche le précepte, la règle et la voie de cette méditation.

Roudraka dit : Eh bien ! qu’il en soit ainsi jusqu’à ce que le précepte en ait été donné.

Alors le Bôdhisattva s’étant mis à l’écart croisa ses jambes et s’assit. Il ne fut pas plutôt assis que, par la supériorité de la vertu, la supériorité de Ja science, la supériorité des fruits de la pratique des bonnes œuvres antérieures, par la supériorité de l’accumulation de toutes les méditations, à commencer par toutes les contemplations du monde ou au delà du monde, les centaines d’acquisitions de la quiétude lui apparurent face à face, avec leurs formes, leurs caractères, et, cela, parce qu’il disposait en maître de son esprit.

Alors le Bôdhisattva, avec le souvenir et la science, s’étant levé de son siége, s’approcha de l’endroit où était Roudraka, le fils de Râma, et lui parla ainsi : Ami. au-dessus de la voie de l’acquisition de la quiétude, du séjour où il n’y a ni idée, ni absence d’idée, y en a-t-il encore une autre ? Celui-ci dit, il n’y en a pas.

Alors, le Bôdhisattva pensa : Roudraka n’a certainement pas à lui seul la foi, le courage, le souvenir, la méditation, la sagesse. Moi aussi j’ai la foi, le courage, le souvenir, la méditation et la sagesse.

Puis le Bôdhisattva parla ainsi au fils de Râma, Roudraka : Par moi aussi, ami, la loi a été obtenue là où elle a été puisée pour toi.

Celui-ci dit : Eh bien ! viens donc, toi et moi nous la communiquerons à cette multitude.