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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

rempli d’étonnement, et dit à ses disciples : Voyez donc, voyez donc la beauté de celui-ci !

Ceux-ci dirent : Nous la voyons bien ; c’est vraiment une grande merveille.

Alors, Religieux m’étant approché de l’endroit où était Aràta Kâlàma, je lui parlai ainsi : Ârâta Kâlâma, il faut que j’exerce l’état de Brahmatchari.

Il répondit : Exerce-le donc, ô Gâutama, dans l’enseignement de la loi ainsi formulé et dans lequel un fils de famille qui a la foi acquiert, avec peu de peine, la science complète.

Puis, Religieux, il me vint à la pensée : J’ai en moi l’intention, j’ai le courage, j’ai le souvenir, j’ai la méditation profonde, j’ai la sagesse. Je demeurerai donc seul, calme et diligent dans la solitude pour obtenir cette loi et la rendre évidente.

Et, en conséquence, Religieux, seul, calme et diligent, demeurant dans la solitude, avec peu de peine, j’obtins et rendis évidente cette loi.

Ensuite, Religieux, je me rendis à l’endroit où était Arata Kâlâma, et lui dis : Ainsi donc, ô Arâta, toute cette doctrine a été comprise et rendue évidente par toi. Il me répondit : Cela est ainsi, Gàutama. Je lui dis : Moi aussi, je l’ai rendue évidente cette loi, après l’avoir comprise. Il répondit : Ô Gautama, de même que je connais cette Loi, toi aussi tu la connais ; et tout ce que tu en sais, je le sais aussi ; de sorte que tous les deux nous la connnuniquons à cette foule de disciples.

Ainsi, Religieux, Ârâta Kâlâma m’honoia du plus grand honneur, et m’établit au milieu de ses disciples afin de poursuivre le même but.

Puis cela me vint à la pensée : Cette doctrine d’Arâta n’est pas libératrice, ne délivre pas complètement. Il faut donc que je m’occupe, pour l’épuisement complet de la douleur, d’en rechercher une autre supérieure à celle-ci.

Ensuite, Religieux, après avoir demeuré à Vâiçâlî aussi longtemps qu’il me plut, je m’avançai dans le pays de Magadha. En faisant des excursions dans ce pays, m’étant approché delà ville d’Ràdjagriha, j’arrivai du côté où est le Pândava, le roi des monts. Je demeurai là sur le penchant du roi des monts, tout seul, sans compagnon, gardé par plusieurs centaines de millions de dieux.

Alors, un matin, à l’aurore, m’étant habillé et ayant pris le manteau et