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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

Cependant ce fils d’un dieu ayant, avec ses deux mains, mis ces vêtements sur sa tête, s’en alla dans le monde des dieux, dans le but de les honorer.

Les messagers interrogèrent encore Tch’andaka : Qu’en penses-tu, Tch’andaka ; si nous allons jusqu’au prince, sera-t-il possible de le faire revenir ?

Celui-ci dit : Non, certainement. Il est impossible de ramener le jeune prince ferme dans son courage et son héroïsme. Voilà ce qu’il a dit : Je ne rentrerai pas dans la grande ville de Kapilavastou, avant d’avoir acquis l’Intelligence suprême parfaite et accomplie ! Et, comme le prince l’a dit, cela sera. Pourquoi ? C’est qu’il est impossible de ramener le jeune prince qui est ferme dans son courage et son héroïsme.

Alors Tch’andaka, amenant Kaṇṭaka et les ornements, entra dans l’habitation des femmes.

Puis, le jeune Çâkya Bhadrika, Mahâmâma et Anirouddha soulevèrent longtemps ces ornements ; mais ces ornements forts comme Nârâyaṇa et Ardha-Nârâyaṇa, furent impossibles à porter.

Et, comme personne n’avait pu les porter, Mahâ-Pradjâti Gâutami pensa : Tant que je verrai ces ornements, le chagrin sera dans mon cœur. Si je les jetais dans un étang ? Et alors Mahâ-Pradjâpatî Gâutami jeta ces ornements dans un étang, et, aujourd’hui encore, cet étang est connu sous le nom d’Abharaṇapouchkari (étang des ornements).

Et là il est dit :

105. Quand le sage et courageux Bôdhisattva partait, la ville de Kapila tout entière était éveillée ; tous pensaient : Le jeune prince est livré au repos ; et, heureux, ils se parlaient les uns aux autres.

106. Gôpâ, éveillée ainsi que tout l’appartement des femmes, regarde le lit, et ne voyant pas le Bôdhisattva dans l’appartement du prince des hommes, jette un cri : Ah ! nous sommes trahies ! où est allé le Bôdhisattva ?

107. Le roi, ayant entendu ce bruit, se laisse tomber à terre en jetant un cri : Ah ! mon fils unique !

Aspergé avec des aiguières, il revient à lui par les soins de centaines de Çâkyas.

108. Gôpâ, tombée de sa couche à terre, arrache ses cheveux et disperse ses ornements. « Hélas ! cela m’avait été bien dit autrefois par le guide (des hommes) ! Mais elle a été prompte, la séparation d’avec tout ce qui m’est cher !

109. « Beau, le plus beau (de tous), aux membres sans défaut et bien proportionnés ; brillant, parfaitement pur, cher aux créatures, gagnant les cœurs, fortuné, heureux, digne d’être honoré au ciel et sur la terre, où es tu allé, après t’être dérobé à ma couche ?