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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

entendre des paroles et des cris exprimant leur enthousiasme. « Oui, amis, le jeune Siddhârtha est religieux errant ! Après s’être revêtu de l’Intelligence parfaite et accomplie, il fera tourner la roue de la loi ; il délivrera complètement fie la naissance des êtres innombrables subissant la loi de la naissance ; après les avoir complètement délivrés de tout ce qui est vieillesse, maladie, mort, chagrin, lamentation, douleur, abattement et inquiétude ; après les avoir fait passer au delà de l’océan de la transmigration, il les établira dans la région sans supérieure de la loi, heureuse, sans crainte et sans chagrin, exempte de trouble, calme, sans passion et sans mort. »

Et ce discours, passant de l’un à l’autre, parvint jusqu’à la demeure des Akanichtas.

Cependant les femmes de l’appartement intérieur ne voyant pas le jeune prince cherchaient dans les palais d’hiver, de printemps et d’été, dans ses lits de repos, dans ses appartements, et, malgré leurs recherches, comme elles ne le voyaient pas, elles se mirent à crier toutes à la fois, comme des orfraies.

Quelques-unes de ces femmes tourmentées par l’excès du chagrin, criaient : Ah ! mon fils ! Quelques-unes : Ali ! mon frère ! Quelques-unes : Ah ! mon époux ! Quelques-unes criaient : Ah ! mon protecteur ! Quelques-unes : Ah ! mon seigneur ! Quelques-unes, eu prononçant toutes sortes de paroles de tendresse ; quelques-unes, en tourmentant leur corps, pleuraient. Quelques-unes, la tête baissée ; quelques-unes, en se regardant l’une l’autre pleuraient. Quelques-unes, avec les yeux égarés ; quelques-unes, en se couvrant le visage avec leurs vêtements, pleuraient. Quelques-unes, se frappant les cuisses avec les mains ; quelques-unes, heurtant leur poitrine avec leurs mains ; quelques-unes, meurtrissant leur bras avec leurs mains ; quelques-unes, leur tête ; quelques-unes, couvrant leur tête de poussière, pleuraient. Quelques-unes, ayant les cheveux épars ; quelques-unes, arrachant leurs cheveux ; quelques-unes, levant les bras, jetaient de grands cris. Quelques-unes, comme des gazelles percées par des flèches empoisonnées, pleuraient, courant précipitamment. Quelques-unes, comme des (plantes) Kadalis agitées par le vent, pleuraient, vivement agitées. Quelques-unes, renversées sur le sol de la terre, n’avaient plus qu’un souffle. Quelques-unes, comme des poissons retirés de l’eau, se roulaient à terre et pleuraient. Quelques-unes,