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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

million ; chiffre important en lui-même, mais bien faible en comparaison du reste de la population.

Nous laisserons de côté, pour le moment, ces deux religions et nous essayerons de démontrer les influences mutuelles des trois grands systèmes que l’on peut dire ajuste titre nationaux.

Les religions de Confucius, de Bouddha et de Taou sont vraiment des croyances nationales, parce que la masse du peuple croit en elles trois. Il ne voit aucune inconséquence à agir ainsi. Les philosophes ne savent que penser en présence d’un fait de ce genre ; mais il n’en est pas moins positif. Ceux qui aiment avidement la vérité et ont de fermes convictions sur certains sujets ne comprennent pas qu’on puisse appartenir à trois religions à la fois ; aussi quelques écrivains ont-ils réparti les Chinois entre ces trois systèmes, attribuant tant de millions à l’un et tant à l’autre. Dans la supputation du nombre des bouddhistes répandus dans le monde, un auteur a placé en tête de son énumération des nations cent quatre-vingt millions de Chinois ; il est arrivé à ce chiffre en prenant la moitié de la population totale, procédé assez expéditif, mais qui est loin de donner un résultat exact. S’il peut être utile, quand il s’agit des autres nations, de rattacher leurs habitants à quelque religion, cela ne servirait à rien pour la Chine ; il faut employer quelque autre méthode de classification. La majorité de ses habitants se complaît dans le culte de plusieurs religions, croit en plusieurs mythologies de divinités et subvient à l’entretien de plusieurs clergés.

Quelle est la cause de cette indifférence ? Pourquoi se préoccupent-ils si peu de chercher la vérité et de s’y tenir ? On peut donner plusieurs réponses à ces questions. Ils sont superstitieux et déraisonnables. Ils acceptent les légendes pour vérités sans examiner si elles sont prouvées ou ne le sont pas. Ils s’inquiètent plus d’avoir des divinités qui semblent répondre à leurs besoins et pouvoir faire pour eux ce qu’ils souhaitent que de s’appuyer sur la vérité et la certitude. Voici une réponse.

Un autre fait peut aider à expliquer comment il se peut que les Chinois croient à trois religions à la fois : c’est qu’elles sont complémentaires l’une de l’autre.

Le confucianisme s’adresse à la nature morale. Il traite de la vertu et du vice, du devoir d’obéissance à la loi et aux ordres de la conscience. C’est sur